Pour notre road trip urbex annuel, nous avons choisi comme destination le Japon, fini l’Europe, fini les voyages à bord de ma Renault Megane 2, place au dépaysement le plus total. Le choix de ce pays a vite été une évidence, en regardant des photos d’explorateurs nippons, la qualité des lieux abandonnés ne pouvait pas nous laisser insensibles. La particularité de cette expédition, c’est que Marie est enceinte, nous ne pourrons pas avoir des journées trop intensives et des lieux difficilement accessibles, cette situation appelle évidemment à une extrême prudence. Nous avons mis des mois à préparer notre programme urbex, il y a des lieux qu’on avait du mal à localiser et d’autres qui sont nommés avec leur véritable nom, il existe même des cartes qui répertorient des endroits abandonnés, cela s’appelle là-bas des “Haikyo”. Il n’existe pas la même parano qu’on peut avoir en France concernant la divulgation des adresses car il n’y a pas la crainte de dérives, de vandalismes et de pillages. Initialement, notre itinéraire comportait 217 lieux abandonnés, rien que ça, évidemment, comme toujours, nous avons prévu beaucoup trop de spots par rapport à la durée de notre road trip.
Nous embarquons à l’aéroport Charles de Gaulle le 30 mars 2017 pour un voyage de 15 heures, ça fait mal, espérons au moins que nos voisins de sièges soient propres et disciplinés. Sans regret, nous quittons l’hexagone, les roues s’échappent du tarmac et nous voici dans les airs. Un mois au Japon, loin de la France, quel bonheur. Et ce n’est pas cet interlude parisien qui nous aura donné envie de rester. Entre la sécurité à l’aéroport “gérée” par une dizaine de femmes plus préoccupées à faire des snapchats qu’à vérifier nos affaires et les clochards alcooliques et violents habituels, non, vraiment, vivement l’atterrissage dans la ville de Sapporo.
Comme d’habitude, nous partons sans avoir un guide ou de l’aide sur place, c’est de l’exploration sans filet, de la pure, sans assistance respiratoire. Des vacances au Japon c’est autant d’excitation que d’appréhension, déjà parce qu’il va falloir que je conduise à droite comme les anglais dans des voitures automatiques, chose que je n’ai jamais fait et ajoutez à cela une certaine crainte d’imaginer ce que pourrait être les problèmes judiciaires si on serait pris en flagrant délit dans un lieu interdit.
Notre avion s’arrête à Shanghai comme prévu, c’est ici que nous devons prendre notre correspondance pour Sapporo. Immédiatement, la sévérité des agents de sécurité chinois me fait regretter mes wesh-wesh parisiennes à selfies. Ils ont le don de couper court à la joie et à la bonne humeur, c’est pas demain qu’il me viendrait à l’esprit de faire de l’Urbex dans ce pays. C’est long, la file d’attente est à perte de vue et mon joker femme enceinte ne fonctionne même pas. Je suis devant un agent qui me fait passer devant une webcam pour me photographier le visage, nous sommes déjà fichés. Mes sacs sont soigneusement fouillés, on me montre ma batterie externe jaune qui a un petit fil dénudé, on me demande dans une langue que je ne comprends pas ce que c’est, j’essaye d’expliquer que c’est une batterie. On la scrute comme si c’était un objet qui pourrait servir à faire exploser un Boeing. Pitié, pas d’interrogatoire en chinois pour une batterie de merde. Verdict, ils ne me la rendront pas sans se justifier, ce séjour asiatique commence bien.
Nous survolons enfin notre destination finale, la ville de Sapporo, elle est toute enneigée, première surprise, je n’aurai pas imaginé découvrir ce voile blanc, heureusement je n’ai pas oublié ma chère chapka. Dès notre arrivée à l’aéroport, nous avons pu tout de suite remarquer l’hospitalité légendaire des japonais, avenants et souriants, ils sont aux petits soins afin de nous aider et nous aiguiller vers notre bus pour poursuivre notre chemin. Avant de débuter notre roadtrip urbex, nous sommes restés deux jours dans cette magnifique ville, agréable et moderne dans laquelle nous avons pu nous immiscer dans cette culture étrangère.
Le jour où nous devons nous rendre à l’agence de location pour récupérer notre voiture, j’avais un stress légitime de devoir conduire “à l’envers” un véhicule automatique et sous la neige. Dans notre programme Urbex, comme d’habitude, nous avons récupéré des adresses GPS dans ce format (32.676074, -117.157704) pour nous guider vers nos lieux abandonnés. Première mauvaise surprise, ces coordonnées que je pensais universelles ne le sont pas, au Japon les GPS ne les acceptent pas, youpi. On ne peut évidemment pas tout savoir avant de partir ou du moins oublier quelques détails de préparation. Les seules coordonnées compatibles sont les numéros de téléphone, si on rentre le numéro de téléphone d’un restaurant, le gps détecte l’adresse ou bien le MAPCODE, un format de 10 chiffres sans point ni virgule. Du coup, à peine la voiture en main que nous devons trouver un bar avec wifi pour retranscrire ce format compatible dans notre programme. Une heure plus tard, je conduis comme un élève qui effectue sa première heure en auto-école, c’est catastrophique, la puissance des freins dans une voiture automatique n’est pas du tout la même. Il me faudra une dizaine de feux rouges pour bien m’adapter au freinage. C’est parti pour 80 kilomètres de route afin d’atteindre notre premier lieu abandonné nippon.
Clinique du Docteur Sataro Fukiage | 4 Avril 2017
Un endroit désaffecté totalement glacé, la neige nous empêche presque de rentrer à l’intérieur tellement elle bouche la seule entrée possible. Des câbles électriques sont plongés dans le verglas, j’ai limite peur de m’électrocuter, l’atmosphère est glauque au possible. Par mesure de sécurité, Marie n’ira pas aux étages car l’escalier en béton est un véritable toboggan, le ventre plein on va éviter un drame, surtout dès le premier spot, ça serait un peu con, tant d’heures de voyage pour ce résultat. Je crois que je n’ai jamais vu un tel cadre qui pourrait me faire penser à un film d’horreur, la vision de cette salle d’opération encore intacte mais plongée dans la glace et l’eau croupie me marquera à tout jamais. Pour photographier cette pièce, il fallait marcher sur la glace pour ne pas plonger les pieds dans l’eau, au bout de quelques secondes, mes chaussures étaient déjà imbibées d’eau. Un premier lieu immortalisé qui nous rassura immédiatement sur la facilité d’infiltration et la qualité des spots.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/clinique-du-docteur-sataro-fukiage
Lycée Yoshio Kodaira | 4 Avril 2017
Après avoir exploré la clinique du Docteur Sataro Fukiage, nous parcourons à peine un kilomètre afin de nous rendre dans un lycée désaffecté depuis 2006. Le lieu, inauguré en 1975, est manifestement bien vandalisé, les dégâts du temps ont fait aussi leurs effets. La seule grande surprise de notre exploration réside en un face à face avec un phoque, un faux évidemment mais pas dénué de réalisme. Nous continuons notre visite en allant voir le gymnase, une partie assez bien préservée. L’exploration fut glaciale, dans le sens où toutes les fenêtres du rez-de-chaussée était totalement obstruées par la neige, fantastique.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/lycee-yoshio-kodaira
Hotel Esan Kogen | 5 Avril 2017
Pour nous rendre dans cet hôtel désaffecté, nous avons fait la route de nuit pour gagner du temps. Première nuit passée dans la voiture, en espérant ne pas se faire réveiller en pleine nuit par des policiers rodant par là. Une soirée difficile, les températures sont glaciales, on a à peine réussi à dormir. Dès l’aube, la tête dans le cul, nous marchons à pied jusqu’au domaine de l’hôtel se trouvant à proximité. Nous sommes devant une magnifique fontaine marécageuse où trône des statues dorées. On avance vers l’entrée de l’établissement en regardant s’il n’y a aucun géant à poils (Non pas Sébastien Chabal, je parle des ours, suivez s’il vous plait). L’intérieur est bien vandalisé, un exemple qui prouve qu’au Japon aussi on peut avoir des endroits abandonnés qui sont totalement saccagés. Il n’y a pas grand chose à immortaliser à part ce long couloir rouge avec cette cabine téléphonique en souffrance. La plupart des pièces sont effondrées ou sur le point de l’être. Peu de choses nous rappellent la nature du lieu, aucun prospectus, aucun document, rien, nada.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/hotel-esan-kogen
Temple Bodhisattva | 5 Avril 2017
Voici une exploration qui n’était pas prévue au programme, une réelle surprise et pas n’importe laquelle, un temple abandonné. Nous étions, Marie et moi, en train d’explorer l’extérieur d’un hôtel désaffecté que vous pouvez regarder ici, quand nous remarquons au loin une gigantesque statue dorée qui nous interpelle immédiatement. Nous avançons vers cette divinité démesurée pour la contempler de près. Une fois sur place, nous remarquons que la statue est située dans un domaine abandonné donnant sur un grand escalier en ruine recouvert de mauvaises herbes. Curieux comme endroit. En descendant les marches, on remarque caché derrière des arbres un temple type Kinkaku-ji, totalement isolé et en toute apparence abandonné.
Discrètement, nous partons dans sa direction et remarquons que toutes les entrées du rez-de-chaussée sont condamnées. Frustration. Notre curiosité tenace nous fera faire le tour du temple à plusieurs reprises dans l’espoir d’y découvrir une entrée discrète. Rien. Presque résigné à quitter les lieux, je jette un regard vers le premier étage du temple et remarque qu’il y a un accès grand ouvert pour entrer à l’intérieur. Je grimpe sur un arbre et m’accroche à une rambarde en bois en observant bien que personne ne me remarque, j’ignore totalement l’aspect sacré du lieu et si ça se trouve, je suis en train de faire la pire des outrances comme de chier dans un bénitier. Mon peu de sensibilité religieuse et spirituelle m’encourage à continuer ma grimpette. Admiratif de ma performance d’escaladeur, me voici face à une statue impressionnante se trouvant dans une pièce se prêtant au recueillement, enfin je l’imagine comme tel avec ces fleurs et autres petits objets déposés devant. Le lieu est bien conservé, juste quelques parties de la décoration s’écrasent au sol, victimes des épreuves du temps. Un escalier me permet de descendre au rez-de-chaussée qui est plongé dans l’obscurité, avec ma lampe torche, je découvre une autre statue, presque identique à celle du premier étage, malheureusement sans luminosité je ne pouvais pas immortaliser dignement cette partie là. Isolé dans le noir dans ce lieu chargé de sens, je suis vite mal à l’aise et remonte pour sortir du temple.
D’après mes recherches, le temple a été abandonné en même temps que notre hôtel, en 1997, après la chute touristique fatale. Quant à cette magnifique statue dorée d’une trentaine de mètres, elle représente Bodhisattva. Une belle surprise inoubliable.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/temple-bodhisattva
Escapade à Tokyo
Au revoir Sapporo, direction l’aéroport pour trois jours de visite à Tokyo, tourisme ordinaire pour une ville peu ordinaire. Même pas une semaine que nous sommes au Japon que nous avons déjà ce souhait d’y rester pour toujours. Pas une seule fois, nous nous sentirons en insécurité, à toutes heures de la journée et de la nuit, même le métro est un lieu de quiétude (hors heures d’embauche et de sortie de travail où cela se transforme en pogo géant). Le contraste avec la France est littéralement déprimant, c’est propre, les gens sont sympas, abordables, oui, allégeance totale au pays du soleil levant.
Bain de foule :
Trois jours à Tokyo évidemment que c’est bien trop court, ce n’est qu’un préliminaire touristique, de quoi déjà se donner une belle idée de cette mégalopole. Tokyo c’est la luxure alimentaire, la tentation est partout, à chaque recoin de rue, à travers des vitrines, des reconstitutions de gaufres chantilly multicolores, de glaces à étages toutes aussi excitantes les unes que les autres, des stands de pop-corn aux multiples goûts, je demande asile, je veux rester ici. Les surprises ne s’arrêtent pas là, dans l’un des glaciers, les serveuses nous confectionnent nos glaces en chantant gaiement tout en nous invitant à taper dans nos mains, c’est féerique. Bon après ça ferait bizarre de commander mon Big Mac avec une chorale se mettant à chanter.
Je pleure encore ce souvenir d’avoir mangé la meilleure pizza de ma vie, au restaurant Spontini, assumant mon obésité se voyant de plus en plus à travers mes tee-shirts moulants, je suis retourné au comptoir réclamer une nouvelle part trois fois, Eric Cartman bonjour. Marie ne m’aurait pas tiré de cette pizzeria que j’aurai claqué notre budget vacances. Alors chèr(e)s lecteurs, si vous allez à Tokyo, dégustez ce fantasme culinaire en pensant très fort à moi, vous ne le regretterez pas : http://www.pizzeriaspontini.it.
Nous n’avons pas fait les nombreux bars à chats, à chiens, à lapins, ce n’est pas un objet de curiosité qui nous attire, l’utilisation d’animaux ne nous met pas à l’aise. Oh ça va, j’ai le droit d’être un peu rabat joie. Qu’il est plaisant de se promener sans risquer de se faire agresser pour une cigarette refusée ou un soi-disant mauvais regard, le climat est apaisé, c’est de la science fiction. Car il ne faut pas se leurrer, derrière le côté “Kawaii (mignon)” que dégage le Japon se cache des mesures que bon nombre de personnes trouveraient intolérables comme la peine de mort toujours active et une immigration zéro. Bizarrement cette politique n’entache en rien l’affection que beaucoup portent à ce pays.
Tokyo by Night, c’est une ville illuminée qui ne dort jamais, elle est toujours en effusion, c’est magique de pouvoir vivre cela. On remarque dans certains quartiers les nombreux bars à hôtesses et sex-shops gigantesques, après la bouffe, la baise. Oui le paradis du vice. Ce qui est marrant au Japon d’ailleurs, c’est que c’est un pays hyper sexualisé, où la représentation de la femme nue est constante et la vente de magazines porno est très accessible, pas comme chez nous où il faut mesurer plus d’1m90 pour prétendre attraper un magazine X, là c’est à côté des programmes de télévision. Et ce qui est d’autant plus paradoxale, c’est que c’est un peuple assez prude, qui ne va pas draguer ni regarder une femme avec insistance en public, les rapports sont propres, corrects et sans faux pas mais à côté de ça, enfouies dans la tête, les idées et envies sexuelles sont sans limite. Pour l’écriture de cet article, j’ai fait une étude sociologique sur Youporn (ouais je me suis branlé vite fait) et les films pornos japonais ont la particularité de flouter systématiquement les pénis et les vagins, toutes les pénétrations sont cryptées. Vive les fellations floues. C’est bizarre comme mode de consommation. Les vidéos à succès mettent en scène toujours une femme type secrétaire dans les transports en commun en train de se faire déshabiller sous la contrainte en public jusqu’à ce que ça finisse en partouze. Alors qu’après avoir pris le métro plusieurs fois, les hommes sont tous rivés sur leur téléphone sans faire attention aux décolletés passant devant eux. Un peuple qui ne fait pas défaut dans la frustration sexuelle, le Japon est d’ailleurs l’un des exemples de nos sociétés modernes souffrant le plus de ce manque de rapports, d’où l’existence de bars à câlins, pas de sexe mais juste payer pour être pris dans les bras, glauque ça par contre.
Nous avons sacrifié une journée de tourisme à Tokyo pour nous reposer à l’hôtel. Une pause d’autant plus utile qu’elle va nous servir à corriger notre parcours, j’ai pris conscience qu’en tant que tel, il était infaisable, il nous fallait sélectionner les spots que nous ne voulions absolument pas louper, le choix fut difficile et laborieux. Nous avons même remis en question la possibilité d’aller sur l’île d’Hachijō-jima pour explorer ce magnifique palace abandonné, une étape qui pour nous est incontournable, le seul risque repose sur le fait que si le spot est inaccessible, nous aurons perdu trois jours pour rien. A ce moment là, nous n’avions strictement aucune information sur la faisabilité de ce lieu.
Découvre notre intro de Tokyo dans la vidéo ci-dessous, une minute de folie urbaine :
Hachijo Royal Hotel | 8 Avril 2017
Nous avons pris l’avion depuis Tokyo pour une heure de trajet avec la boule au ventre de ne pas réussir notre expédition. Hachijō-jima est une île en perdition où il n’y a strictement rien à faire. On loue une voiturette pour 48 heures, le stress est à son paroxysme, va-t-on réussir à explorer ce lieu légendaire. On gare notre voiture discrètement au bord de la plage et nous partons armés de nos trépieds en direction de ce géant désaffecté. On évite l’entrée principale du domaine et nous passons par l’arrière, à ce moment-là, on entend une personne parler au mégaphone, l’aventure fut de courte durée, en fait il y a plusieurs haut parleurs disposés sur l’île pour prévenir en cas d’alerte tsunami ou d’attaque venant de la Corée du Nord, j’ignore si le message audio nous est adressé mais dans le doute, nous continuons à nous faufiler à l’intérieur du parc. La végétation dense et les arbres échoués à terre nous évoquent un paysage apocalyptique, c’est sensationnel. Devant l’entrée principale, il y a encore deux véhicules de l’hôtel qui sont stationnés, ce sont les navettes pour récupérer et raccompagner les clients à l’aéroport, tout est resté sur place. Sur la plupart des vitres et sur la porte figure une pancarte interdisant formellement de pénétrer dans l’hôtel, la couverture médiatique internationale récente du lieu a dû engendrer un regain de curiosité malvenu pour le propriétaire du palace. La plupart des fenêtres sont bien verrouillées, nous trouvons une porte qui donne sur le sous-sol et nous pénétrons dans une sorte de débarras.
Abandonné depuis 2006, l’endroit est bien préservé, seuls les dégâts du temps sont visibles, l’humidité et la moisissure squattent le palace. Quel plaisir de voir un tel lieu pourrir sans que l’homme ne gâche sa putréfaction. Déjà deux bonnes heures que nous sommes ici et il nous reste environ 80% de l’hôtel à explorer, nous ne sommes pas prêts de sortir. Nous montons l’escalier pour arriver devant cette table de billard donnant sur une magnifique vue de l’océan Pacifique. Nous marchons dans le couloir pour photographier les nombreuses chambres à perte de vue, elles sont relativement en bon état et ne présentent aucune trace d’abandon, elles sont miraculeusement préservées de l’humidité et nous pourrons même y dormir ce soir si le courage nous en donne les moyens. Ces pièces sont tellement intactes que nous n’avons pas l’impression d’immortaliser la mort. Pour cela, il faut se rendre au deuxième étage et là nous sommes dans un autre univers. Toutes les chambres sont occupées par mère nature qui a pris ses aises. Du sol au plafond, de la literie à la télévision, tout est recouvert de mousse et d’herbes, c’est juste extraordinaire. Un instant magique. Le graal absolu. C’est typiquement pour ce genre de lieux que nous pratiquons l’Urbex, c’est tellement hors du temps que nous avons l’impression d’être dans une autre dimension. Les tapisseries tombent les unes après les autres et le plafond se détache au fur et à mesure. Nous allons passer à cet étage environ deux heures à immortaliser cela, on a du mal à partir tant on a peur de rater nos prises de vue, ce lieu représente tellement de choses que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Au dernier étage, nous sommes dans une sorte de salle de réception dans laquelle figure encore un piano paisible et silencieux se laissant admirer par les fougères. Des fenêtres nous observons les quelques voitures qui passent devant le palace et qui freinent systématiquement pour admirer ce qui était le symbole de la prospérité de l’île.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/hachijo-royal-hotel
Après cette longue journée d’exploration, nous apprenons en arrivant à l’aéroport que notre avion est annulé pour cause de mauvais temps, on va devoir chercher à la dernière minute un hôtel. Avec beaucoup de difficultés, nous parvenons enfin à dégoter une chambre d’hôtes. Hospitalité oblige, le propriétaire du lieu vient directement nous récupérer pour nous accompagner. L’anecdote amusante, c’est que nous allons dormir juste à côté du Hachijo Royal Hotel. On a tenté malgré la barrière de la langue d’en savoir plus sur leur voisin en ruine mais nous n’apprenons pas beaucoup plus de choses. Le lendemain matin, notre hôte nous offre le petit déjeuner, joie et bonne humeur de courte durée, point de viennoiserie et de chocolat chaud mais du poisson et des légumes à huit heures du matin. L’homme est assis à côté de nous, pour faire honneur à sa gentillesse, nous avons mangé avec une certaine difficulté.
Hachijo Onsen Hotel | 9 Avril 2017
Avant de reprendre l’avion pour quitter l’île, nous avons eu connaissance d’un autre endroit abandonné, encore un hôtel, nettement moins impressionnant que le Hachijo Royal Hotel mais pas dénué d’intérêt. Cet hôtel fut autrefois le seul proposant des bains de source chaude sur l’île et c’est avec l’assèchement de cette source que l’hôtel a fait faillite. Sans oublier la baisse dramatique du tourisme sur l’île d’Hachijo-Jima qui a occasionné la fermeture d’autres établissements.
Nous arrivons devant l’hôtel en ayant emprunté une route étroite, il pleut, l’endroit est désertique, il n’y a pas une voiture qui passe, nous n’aurons pas de soucis de discrétion en sautant la rambarde en bois servant à interdire l’accès. En approchant de l’entrée, aidés par le mauvais temps, l’atmosphère du lieu est bien glauque, cette ruine impressionne autant qu’elle effraie. La porte vitrée est grande ouverte, nous invitant à pénétrer à l’intérieur.
En descendant les marches pour arriver au sous sol, nous arrivons au bar, par chance il est totalement préservé avec ces tabourets vierges et ces verres empilés prêts à se faire verser de la vodka à l’intérieur. Outre la forte humidité, nous immortalisons la pièce avec enthousiasme. Non sans mal car cet endroit n’avait quasiment aucune luminosité, avec un peu de technique et de retraitement, nous avons pu ramener de belles images du bar. Les chambres sont malheureusement dans un sale état, il n’y a pas de doute que l’exposition de l’hôtel face à la mer a précipité la vétusté du lieu.
Après avoir traversé un long couloir dans l’obscurité, nous pénétrons à l’intérieur de la salle de restauration, quasiment l’entièreté du faux plafond s’est écrasé sur les tables créant une mise en scène de fin du monde. Toujours dans un froid glacial, nous nous mettons en scène tels des clients de l’établissement. Nous remontons à l’accueil pour découvrir les nombreuses choses restées sur place comme ces distributeurs de boissons dans lesquels il figure encore quelques canettes orphelines et une salle d’arcade en bordel avec quelques jeux rouillés éparpillés.
A l’extérieur le domaine est très vaste, il y a plusieurs bâtiments et une piscine couverte toute végétalisée, difficile de s’imaginer le lieu autrefois. Par chance, j’ai trouvé un prospectus de ce que fut l’hôtel autrefois et ça sera essentiel pour se rendre compte du changement radical.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/hachijo-onsen-hotel
De retour à Tokyo | 10 Avril 2017
Arrivés à l’aéroport de Tokyo, nous relouons une voiture pour continuer notre roadtrip urbex, direction le Mont Fuji. On poursuit notre série des hôtels désaffectés en nous rendant au “Royal Hotel”, un établissement abandonné se situant à côté d’une route extrêmement passante. Après avoir grimpé une barrière de sécurité, nous voici devant ce bâtiment type Las Vegas Seventies. Malheureusement aucune entrée ne nous permettra de pénétrer à l’intérieur, premier échec de notre parcours. Dommage, ça aurait pu être notre premier “Love Hotel”, ces lieux typiques japonais permettant à des couples d’avoir un moment d’intimité.
Bowling Yukio Jamaji | 10 Avril 2017
La pluie est torrentielle, séquestrés dans la voiture, nous attendons, Marie et moi, ce moment où nous pourrons sortir explorer ce bowling abandonné qui nous fait de l’œil. Les minutes passent et le mauvais temps menace toujours autant nos appareils photos, peu de chance que la météo change aujourd’hui. Exploration pluvieuse, exploration heureuse ? Nous allons voir ça.
Exposés au niveau de cette route très passante, nous passons une rambarde afin de pénétrer dans le domaine du bowling désaffecté, avec de la précipitation et nos pieds trempés, nous arrivons à l’intérieur du bâtiment plongé dans le noir. L’entrée que nous avons trouvée donne directement sur le fond des pistes du bowling, il y a encore pleins de quilles et de boules, tout l’équipement semble être encore là. Rouges, vertes, bleues, elles sont encore brillantes, prêtes à se faire pénétrer par trois ou quatre doigts et à se faire prendre sur la piste, ces boules n’attendent que nos doigts mouillés par la pluie pour lubrifier leurs trous devenus bien trop secs.
Malgré cette tentation de palper de la boule, nous nous concentrons à immortaliser tous ces objets restés sur place, déjà bien trop occupés à réaliser des photos dans un endroit manquant énormément de lumière. Je n’ai pas trouvé de renseignements sur sa date de fermeture mais je l’estime à environ dix ans si ce n’est pas plus, l’équipement général est de toute apparence bien ancien. Une estimation confirmée dans la pièce de stockage des chaussures pour le bowling qui sont littéralement décomposées. De nouveau à l’extérieur, la pluie est toujours aussi constante, tant bien que mal, j’ai tenté de prendre le bâtiment en photo en essayant de protéger mon objectif, une calamité.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/bowling-yukio-jamaji
Hotel Seiji Katagiri | 11 Avril 2017
La météo ne nous encourage pas à sortir de la voiture, le temps est catastrophique avec cette pluie toujours aussi présente. Le seul avantage qu’on peut tirer de cette condition c’est qu’il n’y a personne dehors, on va pouvoir entrer à l’intérieur de l’hôtel sans prendre le risque d’être pris en flagrant délit. Sans difficulté, la porte principale ouverte, nous arrivons dans le hall d’entrée de couleur verdâtre, amis du bon goût, bonsoir.
L’endroit est assez dangereux, nous n’avons même pas tenté d’accéder au deuxième étage qui menace de s’écrouler sous nos pieds, on se contentera d’explorer le rez de chaussée où se trouve encore une petite salle de sport avec une table de ping pong, un salon avec plusieurs fauteuils et une ravissante salle d’eau. Le lieu n’est pas exceptionnel, un tour d’une trentaine de minutes suffit pour se faire une idée de cet hôtel.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/hotel-seiji-katagiri
Ecole Seisaku Nakamura | 11 Avril 2017
Dans un cadre magnifique, nous partons explorer une école abandonnée depuis 1989. De tous les lieux abandonnés, c’est la première fois qu’on a droit à un panorama aussi beau, nous avons une pleine vue sur le Mont Fuji, on ne peut pas mieux faire. Une fois à l’intérieur de l’école, nous remarquons que toute la structure en bois menace de s’effondrer par endroits, rassurant n’est-ce pas. Il ne reste plus grand chose à part la pièce principale dans laquelle réside encore une dizaine de chaines orphelines d’élèves. Et évidemment, comme tout bon endroit désaffecté, nous avons droit à l’éternel piano à l’abandon. Vous pouvez découvrir notre exploration dans la vidéo se trouvant après cette série photographique.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/ecole-seisaku-nakamura
The Hotel Cadillac House | 11 Avril 2017
Situé dans la préfecture de Yamanashi se trouve l’hôtel « Cadillac House », un lieu ouvert dans les années 1980 et désaffecté depuis 1996. Comme son nom l’indique, c’était un endroit qui avait comme thématique les voitures de la marque Cadillac. Bien plus qu’un hôtel, il y avait également un restaurant, un bar et une salle d’expositions où se trouvait plusieurs voitures américaines. En rentrant à l’intérieur, un escalier rouge vif submergé de centaines de billes en plastique nous accueille, le lieu sert vraisemblablement de terrain d’airsoft. C’est malheureusement vide, peu de choses nous rappellent ce que fut cet endroit autrefois, même pas une Cadillac entièrement désossée. Et dire que pendant ses premières années d’abandon, il y avait encore plusieurs véhicules délaissés devant le bâtiment, quel dommage. Après avoir fait un tour aux étages pour visiter les chambres, nous terminons cette exploration rapide pour aller découvrir d’autres lieux désaffectés. Pour vous faire une idée plus concrète de ce que fut l’Hotel Cadillac House, je vous invite à découvrir les deux vidéos se trouvant ci-dessous qui ont été filmées en 1986 et en 1990, un témoignage historique très intéressant.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/the-hotel-cadillac-house
Ecole Hiroshi Zoda | 12 Avril 2017
Dans un village perdu situé dans la préfecture de Nagano se trouve une école abandonnée depuis bientôt vingt ans. Nous traversons un village presque désert pour accéder à notre lieu désaffecté depuis 2002. Discrètement, nous trouvons une entrée à l’arrière par une fenêtre qui n’était pas verrouillée, de toute apparence cela devait être le seul accès possible. Étonnamment, malgré le fait que des enfants ne sont pas venus ici depuis tant d’années, l’endroit est très bien préservé, on pourrait presque croire qu’on va se faire surprendre par la sonnerie de la récréation. Certainement que l’école doit être entretenue de temps en temps par les habitants du village.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/ecole-hiroshi-zoda
Nous poursuivons notre journée en allant explorer un hôtel perdu dans une station de ski, un lieu totalement ouvert mais manquant cruellement d’intérêt, il n’est pas vandalisé mais tristement vide, même pas de décrépitude à immortaliser, une perte de temps.
Hôpital Yang Ning | 13 Avril 2017
Nous arrivons dans une petite ville de la Préfecture de Nagano où se trouve une clinique abandonnée depuis 1971, une date approximative car c’est grâce à un vieux calendrier encore accroché au mur que j’ai pu estimer cela et au vu des équipements encore présents, je ne pense pas me tromper énormément. Nous marchons dans ce quartier résidentiel, la discrétion sera difficile à assurer, il fait beau, les gens sont dehors et deux occidentaux avec un trépied à la main, ça ne passe pas inaperçu. Nous tournons autour tels des vautours pendant quelques minutes avant de nous décider à nous engouffrer dans le parc. Voila, nous y sommes, cette clinique tout en bois assez effrayante au premier égard nous accueille portes grandes ouvertes. C’est une très vieille structure, l’établissement avait été ouvert en 1910, d’où son aspect général. Malgré qu’elle soit désaffectée depuis un bon nombre d’années, nous trouvons à l’intérieur encore beaucoup de choses fascinantes, un réel voyage dans le temps.
Il y a cette salle d’opération macabre, condamnée par des plaques en bois recouvrant les fenêtres, ça sera la seule pièce protégée ainsi, bizarre. Ce qui est d’autant plus étonnant c’est que du deuxième étage, il y a un poste d’observation en hauteur pour assister aux opérations, il y a une vue plongeante incroyable. Hormis cela, on trouve encore la salle de radiographie, d’ophtalmologie et d’autres pièces de vie comme une cuisine, une bibliothèque et des chambres. Trois bonnes heures passées dans ce lieu à découvrir ces souvenirs éparpillés tels que des photographies, documents, fioles, lunettes poussiéreuses, un endroit magique.
Nous terminons cette journée en allant dans un célèbre parc à singes à Jigokudan (Snow Monkey Park), le genre de réserve naturelle qu’on affectionne, loin de l’aspect glauque des zoos des prisons. Une attraction touristique inoubliable car nous marchons au milieu de singes en liberté et se baignant dans une réserve d’eau, difficile de ne pas céder en les caressant, cela est interdit, ce qui est compréhensible afin d’éviter tout conflit de jalousie ou d’abus dans le style de vouloir en porter un dans les bras.
Découvrez une courte vidéo que j’ai réalisée dans ce parc dans ce préambule :
Hotel Genzo Kurita | 14 Avril 2017
Au cœur d’une station thermale de la préfecture de Gunma se trouve un hôtel inauguré en 1929 et abandonné depuis 2007. La porte d’entrée, grande ouverte, nous invite à pénétrer à l’intérieur afin de découvrir un lieu assez bien préservé, enfin c’est ce qu’on pense jusqu’à ce que l’on monte les escaliers. L’état du plafond est inquiétant, ça sent la moisissure et c’est très humide, la structure reste fragilisée. Après un tour dans les chambres, nous allons au sous-sol pour nous rendre à la discothèque/bar. Et ce que l’on redoutait arriva, en photographiant la pièce, une partie du sol s’écroule sous nos pieds, heureusement ce n’était pas un gouffre mais nos jambes ont traversé le plancher. Nous ne restons donc pas plus longtemps dans cet hôtel et quittons le lieu encore secoués par cette dose d’adrénaline subite.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/hotel-genzo-kurita
Park Land | 14 Avril 2017
Nous sommes dans la préfecture de Gunma où se trouve à proximité d’une route très passante une sorte de camp de vacances, on ne peut pas le louper, il y a encore un gigantesque panneau qui signale sa présence, le « Park Land ». Ne vous excitez pas, malgré son nom, point de manèges et autres attractions, malheureusement. Une fois la voiture garée au bord de la route, nous marchons sur cette route désaffectée pour arriver jusqu’au camp. Après dix minutes d’effort, nous voici devant le premier chalet en bois accompagné d’un vieux distributeur de boissons aux couleurs de Coca-Cola. Dès le début de cette exploration, ça tourna véritablement mal. En m’engouffrant à l’intérieur, sans me douter de l’extrême fragilité de l’endroit, le plancher en bois s’écroula sous mes pieds, la chose que nous redoutions toujours le plus en urbex arriva.
Par réflexe, j’essaye de m’agripper au sol en frappant par inadvertance ma main contre un cadre en verre qui se brisa. Malgré cette mauvaise situation, je garde mon sang froid et arrive à m’extirper de ce piège tant bien que mal en interdisant Marie de me rejoindre par peur qu’elle tombe à son tour. Je saigne sur le côté gauche de mon ventre, je me suis arraché toute la peau avec ce plancher en bois pourri. Les jambes tremblent, l’adrénaline s’estompe, notre voyage japonais aurait pu se terminer ainsi.
J’aurai du mal à reprendre mes esprits pendant toute cette exploration qui fut en partie bâclée. En Effet, les autres chalets en bois paraissaient aussi dangereux et nous n’avons pas risqué de nous engouffrer à l’intérieur. Comme lot de consolation, nous sommes arrivés dans une salle de jeu avec la présence de tables de billard. En souhaitant faire une photo à côté, le sol craquait sous mes pieds, il n’en avait pas l’apparence, mais cet endroit fut l’un des plus fragiles que nous avons visité.
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Ecole Stephen Griffiths | 14 Avril 2017
Nous devons nous rendre à Nichitsu, une ville minière abandonnée depuis les années 80 se trouvant dans la préfecture de Saitama, un endroit totalement paumé dans la montagne. A l’époque, la ville était peuplée de 3000 habitants, aujourd’hui il n’y a plus personne à part une partie de la mine encore en activité. Nous roulons à toute allure dans les petites routes montagneuses car la nuit tombe dans peu de temps et nous devons faire de la route ce soir pour rejoindre une étape plus lointaine.
La route est sinueuse, on redoute à chaque virage de croiser un camion de la mine, il n’y a pas la place pour deux véhicules. Nous traversons des tunnels très étroits dans une totale obscurité, pleins phares et klaxons répétés pour annoncer notre arrivée, le trajet comporte sa dose d’adrénaline. Un œil sur le ravin et l’autre sur l’heure, je redoute de ne pouvoir faire aucune photo au vu de la luminosité disparaissant au fil des kilomètres. Les amortisseurs sont en souffrance, la route est dans un état catastrophique étant donné qu’elle est utilisée principalement par les camions de la mine. Tel Vin Diesel, je déboule dans la ville abandonnée en snobant toutes les maisons à l’abandon pour se concentrer sur notre seul objectif, l’école principale.
Nous passons devant la mine devant laquelle il y a quelques véhicules garés, j’espère que notre présence ne va pas attirer leur attention car il y a peu de doute sur la raison de notre venue. La passerelle métallique menant à l’école est condamnée, nous devons passer à côté de l’entrée de la mine pour nous faufiler dans le domaine. Visuellement le lieu est inquiétant, son état ne laisse aucun doute sur un effondrement dans un futur proche. Dans l’école, le plancher en bois est défoncé, gonflé par l’humidité. On ne pourra pas passer par là, on continue à faire le tour de l’école et nous passons par une entrée plus accueillante. Stressés par la nuit nous menaçant de ne plus pouvoir faire de photos, on commence à immortaliser les couloirs et les divers objets que nous trouvons, comme des pianos, des tableaux, des cahiers, il y a encore pas mal de choses à l’intérieur. Après 20 minutes, nous ressortons déjà pour photographier l’extérieur et tentons d’aller dans le reste la ville pour voir s’il y a moyen de voir autre chose. Une course contre la montre.
Nous nous dirigeons vers l’ancienne clinique en traversant une rivière, sautant cailloux sur cailloux car la passerelle d’accès est condamnée. Nous découvrons que l’endroit se trouve dans un état catastrophique, il est impossible de rentrer à l’intérieur tellement le lieu est fragile et dangereux. Il n’y a même plus de sol, on va oublier notre curiosité et continuer notre chemin vers le théâtre. Un endroit tout aussi dangereux que je m’apprête à photographier quand je me rends compte que j’ai oublié mon sac avec mes affaires dans l’école. Je laisse Marie assurer le théâtre pour rejoindre en courant l’école avec ma lampe torche dans la main. Une exploration qui me permet d’éliminer un maximum de calories. Avec nos trentaines de photos, nous pouvons quitter Nichitsu en étant satisfaits de notre performance sportive et artistique.
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Entracte alimentaire :
Western Village | 15 Avril 2017
Le Western Village est assurément le plus bel endroit abandonné que nous avons pu explorer, une des étapes importantes de notre roadtrip au Japon. Situé à Nikko, une ville de la Préfecture de Tochigi se trouvant à 150 kilomètres de Tokyo, ce parc d’attractions est désaffecté depuis le 7 décembre 2006. De loin, on aperçoit déjà George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln, non nous ne sommes pas fous, nous n’avons pas été téléportés dans le Dakota du Sud mais nous sommes bien devant une reproduction du Mont Rushmore. Nous longeons le parc en voiture pour juger de sa faisabilité et remarquons qu’il est totalement libre d’accès, il y a bien une timide pancarte qui interdit de pénétrer à l’intérieur mais même elle ne croit même pas à ce qu’elle dit.
Le Western Village a été inauguré en 1974 avec comme thématique l’Ouest Américain. A sa création, l’endroit ressemblait surtout à un ranch avec des chevaux et un étang de pêche, c’est par la suite que le parc a évolué avec l’installation de plusieurs attractions. Nous déambulons à l’intérieur en ce début d’après-midi avec une certaine fatigue cumulée, déjà une matinée d’exploration et plusieurs heures de route pour maintenant devoir assurer un endroit aussi énorme. Cette jouissance de profiter d’un parc d’attraction pour nous tout seul ça n’a pas de prix et même si rien ne fonctionne, le charme opère tout de même.
Nous avons pu profiter de ce lieu pour divers mises en scène photographiques avec les automates présents sur place rendant le lieu encore un peu vivant. C’est juste fantastique. Nous passons maintenant au Indian Theater, qui était un cinéma en 3D, les strapontins sont encore là et nous pouvons y prendre place afin d’imaginer ce qui aurait pu défiler sous nos yeux. En face il y a la salle d’arcade avec une multitude de jeux, de quoi retomber immédiatement en enfance. Il y en a pour tout le monde, des amateurs de chevaux à ceux de motos, il n’y a pas de quoi s’ennuyer. Nous serons en admiration devant le Western Gun Shooting, une reproduction de saloon plus vrai que nature avec plusieurs automates s’adonnant à plusieurs mises en scène. Pour l’anecdote, dans l’une des machines à attraper des cadeaux à l’aide d’une pince, j’ai placé mon masque de lapin à l’intérieur pour faire croire à Marie qu’il était déjà là et avec la tête dans les nuages nous sommes repartis du parc sans lui, ne jamais faire une vanne de merde fatigué. Donc du coup le lendemain matin, nous avons refait de la route pour retrouver l’oublié et par chance il était encore présent. Nous repartons d’ici avec près de 400 photographies à trier et malgré plusieurs heures d’exploration nous n’aurons même pas eu le temps de faire la totalité de ce parc réservant encore pleins de surprises.
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Secte Miyuki Ishikawa | 16 Avril 2017
Nous roulons sur une petite route montagneuse de la préfecture d’Ibaraki pour rejoindre un temple abandonné depuis 2002. Il fut inauguré en 1987 et sa désaffectation fut causée par une sombre affaire de détournement d’argent et d’escroquerie. Une fermeture ordonnée et motivée également depuis que le Japon s’attaque fermement aux sectes suite à l’attentat tragique survenu dans le métro de Tokyo en 1995 commis par l’organisation « Aum Shinrikyo ».
Sans le savoir, nous sommes devant le plus petit bâtiment qui représente la pièce maîtresse de cet endroit. La porte ouverte, nous découvrons avec magie tous ces objets dorés qui nous illuminent. Ils sont là, par centaine, encore dressés sur des étagères ou jonchés au sol, le spectacle est au rendez-vous. En regardant de plus près, ce sont des « Ihai », plus communément appelés des tablettes d’esprit. Chaque objet représente une divinité voire des ancêtres. Pour certaines cultures, elles servent également pour tout ce qui est esprit/fantôme. Là, j’ignore totalement leur usage spécifique. Ce bâtiment est en mauvais état, le plancher est gondolé par l’humidité et les étagères menacent de s’effondrer sur nous. Lorsque nous nous retrouvons en plein milieu pour photographier les éléments, il faut prier pour que ne surgisse pas tout problème d’aérophagie.
Les autres bâtiments ne feront pas preuve d’un tel éblouissement mais nous entrerons dans un univers pervers et salace. L’œuvre d’un artiste déjanté ou d’un psychopathe, nous l’ignorons, ce qui est certain c’est que cela nous captive. Dans ce amas dans lequel réside des centaines de cassettes vidéo et audio, des albums photos d’adeptes et autres éléments qui nous rappellent la nature de ce lieu mais également des sous-vêtements féminins éparpillés partout. Soigneusement mis en scène, certains soutiens-gorge et porte-jarretelles sont suspendus au plafond, magnifique décoration perverse. Mélangés à cela, il y a aussi divers documents accrochés qui n’ont aucun sens en les regardant ainsi, on peut y lire des petites annonces et des photos de mauvaise qualité mettant en scène plusieurs personnes dont un homme s’exhibant en porte-jarretelle, un vrai coup de foudre. Ce qui revient le plus, c’est la même photo d’un couple souriant dont l’un fait fièrement le signe de la victoire. Sont-ils ceux qui ont fait de ce bâtiment leur sanctuaire ? Aucune idée. Des photos immortalisent également des poupées martyrisées, clouées au sol ou affichant des poses subjectives dans ce même endroit, c’est à dire que la personne est revenue ici afficher les photos qu’elle avait prises.
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Kejonuma Leisure Land | 16 Avril 2017
Nous terminons cette journée en partant en direction d’un parc d’attraction abandonné, nous avons plusieurs heures de route, l’exploration risque d’être réalisée rapidement. Le Kejonuma Leisure Land est l’un des spots urbex les plus célèbres du Japon grâce à cette grande roue multicolore toute écaillée. Le parc a ouvert ses portes en 1979 et accueillait en moyenne 200 000 visiteurs par an. De taille modeste, on pouvait y trouver cette grande roue, des trampolines, une piste de karting, un carrousel, des tasses à café ainsi qu’un parcours de Golf. Il y avait également un espace camping composé de petites cabanes en bois. Après 21 ans de bons et loyaux services, le parc ferma ses portes définitivement en l’an 2000. Le parc n’est pas caché, il est situé au bord d’une route, il n’y a aucune barrière, c’est accessible très facilement. La décrépitude de ce lieu est fantastique, cette grande roue rouillée et ce carrousel abandonné nous transportent dans un univers féerique. La fatigue aidant, c’est lors de cette exploration que je ferai un malaise, conduire des heures et se priver de repas pour aller plus vite n’apporte que ce genre de conséquences. Rien de grave, un repos forcé de quelques minutes allongé sur l’herbe.
Ce soir nous devons rouler pendant cinq heures pour rejoindre au petit matin notre prochaine étape urbex. Nous allons vivre cette nuit une grande frustration, nous allons traverser la zone de Fukushima sans pouvoir s’arrêter. En effet, Marie étant enceinte, il est évident qu’il ne fallait rien risquer, c’était d’ailleurs déjà pour cette raison que je m’étais rendu seul à Tchernobyl en février 2017. J’aurai cru que la zone serait totalement interdite d’accès à la circulation comme Tchernobyl et pourtant à ma grande surprise, une route nationale permet de traverser ces hectares désaffectés. Il est proche de minuit et toutes les routes adjacentes sont barricadées avec des lumières clignotantes, régulièrement la police est présente au bord de la route pour interdire toutes les voitures qui souhaitent s’arrêter pour observer ce décor apocalyptique. Le fait de traverser la zone de nuit rend cette épreuve moins difficile à vivre, la tentation n’est pas très visible, mes phares illuminent quelques voitures, des maisons et des hôtels abandonnés autour de nous. Pendant des kilomètres et des kilomètres, nous allons rouler à deux à l’heure pour essayer de découvrir ce fantasme furtivement.
Pour nous consoler de cette rencontre ratée, nous nous arrêtons au 7-Eleven se trouvant juste après la zone condamnée, nous goinfrer de confiseries et de boissons énergisantes. Sans rancune, toute façon, pour bien photographier Fukushima, il aurait fallu se poser plusieurs jours et avoir un minimum d’équipements de protection, nous n’avons rien préparé dans ce sens.
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Ecole Junko Ogata | 17 Avril 2017
Perdue au bout d’une route sinueuse de la préfecture de Nara, se trouve une ravissante petite école abandonnée depuis maintenant plusieurs années. Sur place, nous trouvons un nombre important d’instruments de musique dont une dizaine de pianos avec toute une rangée en train de pourrir. Le lieu est encore assez bien conservé hormis le plancher du rez-de-chaussée qui est en bonne partie effondré. Vous pouvez également découvrir dans la vidéo se trouvant après la série de photos, la grosse frayeur que nous avons eu dans cette école, angoisse garantie.
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Ecole Furuya Sokichi | 17 Avril 2017
Pour notre exploration d’aujourd’hui, nous nous dirigeons dans un village perdu situé dans la préfecture de Nara pour découvrir une école abandonnée depuis 1998. La nuit commence à tomber, notre visite devra se faire sur les chapeaux de roue. Sans difficulté, en passant par une fenêtre ouverte, nous rentrons à l’intérieur de ce lieu inauguré en 1952. Dans la première salle de classe que nous explorons, nous tombons sur plusieurs portraits d’hommes posés sur le sol, après renseignements, c’étaient les directeurs de cette école. Dans le couloir, nous apercevons avec surprise plusieurs monocycles posés contre le mur, toujours motivé à faire des expériences, j’ai tenté de monter sur l’un d’eux et je n’ai pas réussi à faire plus de dix centimètres, la roue crevée n’aidant certainement pas. En quittant l’école, nous photographions le bâtiment décoré de plusieurs cerisiers en floraison, le cadre est magnifique. Nous posons devant avec nos masques de lapin sous le regard curieux de quelques habitants passant devant l’école.
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Le Laboratoire aux Serpents Abandonné | 18 Avril 2017
Après avoir passé la nuit dans la voiture, nous partons à l’aube explorer un laboratoire de serpents abandonné, on ne peut pas faire mieux en guise de petit déjeuner. Première surprise à notre arrivée, le lieu n’est pas à proprement dit désaffecté, c’est un parc mal entretenu qui a comme thématique les serpents, il y a plusieurs vivariums dispersés dans l’enceinte. Voilà tout ce qu’on déteste, un endroit à moitié abandonné. Bon maintenant que nous sommes là, autant essayer de découvrir ce fameux laboratoire. Il est six heures du matin, le parc est évidemment fermé et nous marchons le long de la clôture pour voir s’il y a un accès possible. Bingo, le grillage est entièrement éventré, nous nous infiltrons à l’intérieur en étant mal à l’aise.
Nous repérons facilement ce qui semble être la maison accueillant ces serpents abandonnés, avec discrétion, on s’approche en découvrant que la porte d’entrée n’est pas verrouillée, heureusement il n’y avait pas d’autres accès possibles. Nous voilà à l’intérieur au milieu de ces bocaux de serpents, il y en a même au sol et également dans de nombreux bacs en plastique. C’est macabre, répugnant, la pièce est étroite, on essaye de se concentrer en prenant du recul sur ce que nous photographions. A tour de rôle, nous immortalisons ces reptiles sans vie avec dégoût. Pendant que Marie pose son trépied avec précaution, je veille devant la porte pour voir s’il n’y a aucun danger. Même pas une minute plus tard, j’entends quelqu’un s’approcher, stress et palpitations. Un homme habillé en blanc, surement un laborantin, passe devant la porte vitrée sans tourner sa tête vers nous. L’angoisse. En chuchotant, j’explique à Marie qu’il faut se cacher. Le problème c’est que c’est petit, la maison est partagée en deux pièces, l’une qui expose ces bocaux et l’autre avec les bacs en plastique. En sueur, je rentre dans la seconde pièce et tombe nez à nez devant le pénis de l’homme. Oui attendez que je vous explique, la scène est surréaliste. Il est en train d’uriner contre la baie vitrée, cette matinée est vraiment placée sous le signe du bon goût. Il ne me voit pas, sa tête dépasse de la vitre. Les japonais qui sont si pudiques ordinairement, cet homme sans le savoir m’exhibe son sexe humide. Il repasse ensuite devant la porte comme si de rien n’était et retourne à ses occupations. Sans traîner, nous mettons un terme à cette exploration pour s’enfuir d’ici. Imaginez un instant être pris en flagrant délit ici, deux occidentaux appareils photo à la main qui s’infiltrent dans le parc, le genre de quiproquo à éviter.
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Love Hotel Annie Chapman | 18 Avril 2017
Nous sommes dans la préfecture de Chiba au Japon pour explorer un endroit hors du commun, enfin pour nous français. En effet nous devons nous rendre dans ce qui est appelé, au Japon, un « Love Hôtel », un endroit dédié aux couples illégitimes ou non qui s’y rendent afin d’y passer la nuit ou quelques heures pour un moment intime. Culturellement ça peut s’expliquer par le fait que les Japonais vivent longtemps chez leurs parents, pas nécessairement par manque de moyen mais par habitude, ils sont même surnommés les «célibataires parasites», ce que nous on nomme des Tanguy. La pudeur aidant, pour leurs relations sexuelles, ils préfèrent se rendre dans ce genre d’hôtels appropriés pour cela, et c’est loin d’être des lieux mal vus bien au contraire.
Ce qui frappant au Japon, c’est de voir le nombre important de ces hôtels qui existent ici. Pendant notre roadtrip d’un mois dans le pays du soleil-levant, nous avons vu une centaine de « Love Hôtel », nous avons même eu l’expérience d’y passer quelques nuits car ce sont des hôtels confortables à des prix abordables.
Après l’avoir repéré à travers les bambous, l’hôtel fait très vétuste et semble s’écrouler sur certaines parties. Après une petite escalade, nous arrivons dans une salle de bain qui menace de s’effondrer sur nous, l’un des murs est véritablement en train de tomber et ne tient que par miracle, j’ai même peur de poser mon trépied et créer une légère vibration qui pourrait tout faire tomber, un château de cartes.
Le lieu est très sombre et dangereux, heureusement que nous avons les lampes torches pour apercevoir les trous dans le sol qui donnent directement sur le parking souterrain, à travers les couloirs j’ai vraiment une sensation de claustrophobie tant le lieu étouffe et met mal à l’aise. Nous rentrons dans la pièce qui nous faisait tant fantasmer à travers des photos que nous avons vu passer, la chambre médiévale avec cette armure toujours présente. L’endroit a bien changé depuis nos souvenirs, le toit est en partie effondré et le sol aussi, faire des photos ici procure un stress intense, pas idéal pour s’appliquer dans les cadrages.
Ça sera une des seules pièces exploitables avec l’autre chambre dans laquelle figure ce lit rond en plein milieu sous la surveillance d’une statue blanche. Chaque chambre donne accès à un petit jardin. L’hôtel fait office de labyrinthe oppressant dans lequel nous avançons avec une prudence primordiale. Nous quittons les lieux après une petite heure d’exploration en sortant par le parking souterrain, dénominateur commun de ce type d’hôtellerie qui permet de rester discret en garant sa voiture en toute quiétude.
Lien du reportage complet : https://urbexsession.com/love-hotel-annie-chapman
L’Instant Zen :
Wonderland | 18 Avril 2017
De peu, il s’en est fallu de peu que l’on ne puisse pas faire cette exploration, nous sommes certainement les derniers à avoir visité ce parc d’attractions abandonné. A notre arrivée, la nuit commence à tomber. Nous arrivons devant l’entrée principale du parc et nous remarquons qu’il y a des tractopelles présents sur place qui ont commencé à démolir quelques bâtiments du parc. A l’heure à laquelle nous arrivons, il n’y a plus aucun travailleur, la place est libre pour rendre un dernier hommage sur le fil du parc Wonderland. L’enjeu était important car ça faisait déjà le troisième parc d’attractions abandonné japonais devant lequel nous étions arrivés après leur démolition dont le célèbre Nara Dreamland, on aurait vraiment eu du mal à digérer cette quatrième disparition. L’entrée est libre et nous nous empressons de le photographier en express avant que la nuit nous empêche d’immortaliser une dernière fois le lieu.
Malgré le fait que les tractopelles ont pris de l’avance sur nous, l’ensemble reste exploitable. Nous sommes accueillis par une grande roue multicolore toute rouillée affublée d’un visage d’ourson trop chouki, l’emblème du Wonderland. On y découvre également un circuit de karting, de segways, des carrousels, un Tyrannosaure qui agonise au sol sous le regard un peu plus loin d’un Tricératops dans un bien meilleur état. On fait le tour du parc en courant pour ne pas risquer de louper quelque chose. Avant de repartir, on repasse devant la grande roue et on remarque au même moment un cabanon de chantier s’allumer, on entend quelqu’un parler, nous quittons les lieux expressément. Depuis le début, nous n’étions pas seuls. D’après mes recherches, la dernière activité du parc remonte à 2015 et il a été repris ensuite par un groupe d’airsofteurs jusqu’à ce que la démolition se décide. A l’époque, à travers les photos et les vidéos que j’ai récupérées, on peut voir que le Wonderland était beaucoup plus vaste que ça, avec un parcours de golf, une salle d’arcade, une sorte de maison hantée, une structure de saut à l’élastique et bien d’autres attractions. Les nombreux avis laissés par les clients disaient souvent qu’il n’y avait jamais personne et que certaines attractions ne fonctionnaient pas car la préfecture avait ordonné leur fermeture pour raisons de sécurité, rassurant. Même la grande roue était déjà rouillée, ce qui avait le don d’effrayer les gens qui voulaient monter dedans. D’ailleurs le 7 mai 2013, un enfant s’est grièvement blessé dans l’une des attractions qui n’avait pas eu de révision depuis longtemps, il avait chuté de quatre mètres, le blessant grièvement. C’était le quatrième accident dans le parc (les autres drames ont eu lieu en 1997, 2002 et 2007), de quoi confirmer la mauvaise réputation du Wonderland et ainsi faire plonger un peu plus la fréquentation du parc.
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Cabinet d’ophtalmologie Shoko Asahara | 19 Avril 2017
Myopes et presbytes, voici un endroit délaissé qui peut vous toucher, un cabinet d’ophtalmologie abandonné, rien que ça. Une petite merveille située à proximité d’une route très passante dans la province de Chiba au Japon. Un lieu désaffecté peu ordinaire que nous explorons attentivement, le moindre recoin est un fragment à étudier de ce que fut le cabinet à l’époque. Outre le réfracteur encore présent, il y a une multitude de matériels encore présents comme ces fioles au liquide fluo, des seringues, des médicaments en veux-tu en voilà et divers documents médicaux. Une autre maison abandonnée se trouve juste à côté qui devait appartenir certainement à l’ophtalmologue mais qui se trouve dans un état nettement plus dangereux, la bâtisse est à moitié effondrée. Peu de doute que l’abandon de ce lieu découle du décès de cet homme ou de cette femme et qu’il n’y a personne qui a repris derrière. Je vous invite à regarder notre vidéo en bas de cette page que nous avons réalisée dans ce cabinet.
Lien du reportage complet : urbexsession.com/cabinet-dophtalmologie-shoko-asahara
Pause touristique à Kyoto | 20 Avril 2017
Centre de bien-être Takahiro Shiraishi | 21 Avril 2017
Situé sur l’île de Shikoku, dans la préfecture de Tokushima, se trouve un centre de bien être désaffecté depuis 2007. Nous roulons déjà depuis des heures sous la pluie, l’endroit est désertique mais le panorama reste magnifique. Notre objectif du jour se trouve juste en bordure de route en pleine montagne, l’accès est très facile mais nous devons laisser la voiture devant le portail, niveau discrétion on a fait mieux, advienne que pourra. Inauguré en 1975, l’endroit est assez bien préservé même si on devine qu’il a été déjà pas mal dépouillé, l’ensemble reste exploitable. A l’époque, on pouvait trouver ici un hôtel restaurant, un spa, sauna, salle de gym et une piscine avec toboggans. Une faillite inéluctable à cause de la désertification de la clientèle qui condamna à mort le complexe.
Exhibitionniste dans l’âme et un brin nostalgique, je déambule à l’intérieur en moule-bite le temps de faire quelques photos en admirant la vue sur l’océan pacifique. A cause de la vétusté du lieu, pendant notre exploration, il pleuvait autant dehors qu’à l’intérieur, pratique pour réaliser nos photographies. Je déplore le fait qu’il n’y avait plus toutes les installations sportives, point de vélo ni de tapis roulant, ça aurait pu être l’occasion de brûler quelques calories après avoir passé nos soirées à squatter les MOS Burger, la chaîne de fast-food japonaise.
Lien du reportage complet : urbexsession.com/centre-de-bien-etre-takahiro-shiraishi
Hotel Kuroshio Inn | 21 Avril 2017
La fin de journée est proche, trop proche, en effet la tombée de la nuit s’annonce et nous devons faire impérativement l’exploration d’un hôtel abandonné car après nous devons rouler toute la nuit pour le programme de demain. Le cadre est idyllique, nous sommes entre mer et montagne, notre GPS nous indique que la destination est à 500 mètres. Nous arrivons devant une route condamnée, la seule qui mène à l’hôtel, cela ne nous arrange pas à cause du peu de temps que nous avons, nous improvisons une randonnée express. Après avoir franchi une barrière fatiguée, nous marchons sur cette route désaffectée qui est jonchée d’arbres morts, on a l’impression qu’une grande tempête s’est abattue ici.
L’hôtel est situé en hauteur, nous arrivons à peine à l’apercevoir à travers la végétation, nous pressons le pas pour avoir encore de la luminosité afin de réaliser nos photographies avant que la nuit tombe.
Difficile d’imaginer le domaine que nous traversons pendant sa belle époque tellement le lieu est devenu une jungle. J’avais entrepris avant cette exploration quelques recherches sur son histoire pour comprendre les raisons de sa fermeture même si comme dans le plus souvent des cas, cela se résume tout simplement à une faillite mais là je n’ai absolument rien trouvé, ni histoire, ni date, ni photo ancienne, le mystère total, ce qui permet de s’imaginer sa propre histoire finalement.
Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivons devant cette structure en béton peu accueillante, difficile d’imaginer un hôtel. En état de ruine sans charme, nous pénétrons à l’intérieur avec peu d’enthousiasme.
Nous faisons un rapide tour du rez-de-chaussée tellement il n’y a rien à voir, le lieu s’écroule par certains endroits. Par chance, notre motivation nous pousse à descendre au sous sol et là nous découvrons avec grande surprise, une pièce totalement préservée, uniquement dégradée par l’épreuve du temps. Nous sommes dans ce qui ressemble au bar de l’hôtel, ambiance seventies avec ces lampadaires fluos oranges et jaunes. L’atmosphère du lieu est magique et contraste avec ce que nous venons de voir de l’hôtel. Nous apercevons également un comptoir avec les clés des chambres, ça devait être finalement l’accueil bar de l’hôtel.
Lien du reportage complet : urbexsession.com/hotel-kuroshio-inn
Pause touristique à Nara | 22 Avril 2017
Passage obligatoire dans la ville de Nara pour aller rencontrer les daims en liberté, c’est un des endroits les plus touristiques du Japon. Il y a énormément de monde mais vu que c’est en plein air, on n’étouffe pas, n’ayez crainte les agoraphobes. Disposés dans tous les points d’entrée du parc, il y a des vendeurs de biscuits pour donner aux daims, si vous faites l’économie de ceci, ne comptez pas approcher les animaux sauvages, il n’y a que leur estomac qui parle. Un moment magique dans un cadre très apaisant. Une communion avec les daims dans une belle harmonie.
Club de striptease Takahiro Shiraishi | 23 Avril 2017
Ici la luxure était accessible en échange de 3000 yens, bienvenue dans ce club de striptease abandonné. Cet endroit était l’un des points cruciaux de notre roadtrip au Japon, on ne pouvait pas louper une étape aussi atypique de notre voyage. Perdu au bord d’une route de montagne de la Préfecture d’Okayama, ce lieu n’a rien d’excitant au premier abord. Constitué de tôles et de piliers d’acier bleus apparents, cet ensemble bidonville ne présage pas de ce que pouvait être cet endroit à l’époque. Il n’y a qu’un seul accès pour s’engouffrer à l’intérieur, cet escalier métallique recouvert d’une bâche verte, il aurait fallu que celui ci soit condamné pour que notre exploration tourne court. Ambiance kitch à souhait, le club nous projette dans une autre décennie. Arrivés dans la première salle de striptease, la luminosité est quasiment absente, réaliser des photos est un véritable calvaire et nos lampes torches ne nous viennent pas en aide. Afin de ne pas repartir bredouille, nous avons disposé nos trois lampes torches ainsi que nos téléphones portables qui illuminent la pièce. Nous n’aurons pas la même difficulté avec les autres pièces du club dont l’autre salle de striptease. A l’étage se trouvait ce qui semblait être le lieu d’habitation du propriétaire et des filles, il y réside encore beaucoup d’effets personnels et des albums photos. Par endroit, le sol menace de s’écrouler avec cette sensation de marcher dans de la guimauve, rassurant. Usés et fatigués, cette étape fut la dernière de notre roadtrip d’un mois au Japon, nous avons fini dans la débauche nippone.
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Parc Arima Wanda Garden | 24 Avril 2017
Le Arima Wanda Garden est un parc dédié aux chiens dans lequel s’y déroule plusieurs activités. Vous pouvez venir avec votre chien pour le faire concourir dans des courses ou bien pour avoir l’occasion de caresser, promener et jouer avec différentes races de chien. C’est une particularité bien japonaise que nous avons constatée, le fait d’avoir des lieux qui n’ont que comme seule vocation de pouvoir s’occuper d’animaux pendant un petit moment comme les bars à chats ou lapins, un phénomène qui est en train de s’exporter chez nous depuis quelques temps. Sans avoir le temps de s’en occuper convenablement, ces endroits sont des alternatives afin de combler un manque.
Encore un spot de toute apparence assez bien conservé, très peu de dégradations ; on arpente le parc en découvrant cet univers canin avec ces tribunes qui donnent sur le circuit de course de chiens, la buvette, le petit train qui permet de faire le tour de la propriété avec la possibilité de monter avec son ami à quatre pattes.
Cet ensemble fut inauguré en 2001 pour fermer ses portes en 2008 à cause d’une baisse de fréquentation. Depuis cette faillite, les chiens du parc traînent autour de la friche pour dépouiller et tabasser des gens au hasard, triste destin.
Lien du reportage complet : urbexsession.com/parc-arima-wanda-garden
Hôpital 1963 | 24 Avril 2017
Construit en 1918, cet hôpital est abandonné vraisemblablement depuis 1963 d’après les derniers documents trouvés sur place, en effet les calendriers encore accrochés affichaient tous cette date là. Situé dans une petite ville au bord d’une route passante, sans les coordonnées GPS, on serait passé devant sans l’apercevoir car la végétation le camoufle entièrement et l’entrée du lieu ne présage en aucun cas qu’il y a un hôpital ici. Typique des vieilles cliniques et hôpitaux japonais, l’endroit ressemble à de simples maisons en bois, c’est à l’intérieur que nous pouvons voir à quoi servait ce lieu. De vieux flacons, des ciseaux chirurgicaux rouillés, des livres sur la médecine et une table d’opération bien glauque, nous sommes bien dans un décor hospitalier. L’ensemble est dangereux, presque soixante ans d’abandon, le bois est bien fragilisé et par endroit déjà écroulé. Chaque pas est posé minutieusement pour faire attention de ne pas traverser le plancher, le trépied est déposé délicatement, un travail mesuré. La préservation d’un tel lieu est formidable surtout avec cette petite télévision ultra kitch menacée par le sol qui se dérobe devant elle. Le temps s’occupe d’effacer l’existence du lieu au fil des années.
Lien du reportage complet : urbexsession.com/hopital-1963
Pause touristique à Rabbit Island – Ōkunoshima | 25 Avril 2017
Pour finir ce voyage incroyable au Japon, quoi de mieux pour nous que de terminer dans une île à lapins, quel beau symbole non ? C’est un endroit qui a servi à l’époque comme lieu secret pour fabriquer des armes chimiques, on peut voir encore quelques ruines rappelant l’historique de l’île. Il parait que la profusion des lapins est dûe à leurs ancêtres qui servaient à l’époque de cobayes pour l’usine de gaz toxique. La sexualité des lapins aidant, ils ont depuis envahi l’intégralité de cet havre de paix.
Conclusion de notre road trip urbex au Japon
Notre road trip s’achève avec 2709 photos et zéro problème, aucune embrouille ni arrestation, le bilan est plus que positif. Une trentaine de lieux explorés, loin de mon objectif utopique initial, j’avais mal estimé la durée des étapes entre les spots. Ça peut paraître peu pour un mois d’immersion mais je ne vous ai pas mis dans mon récit les nombreux lieux qui n’étaient pas accessibles, démolis ou réhabilités, cela nous a fait perdre un temps pas négligeable, surtout quand ce sont des endroits perdus dans la montagne, c’est le jeu de vouloir partir loin sans avoir un guide ou des indications précises, mais c’est comme ça qu’on aime pratiquer l’Urbex.
Après le Japon, il sera difficile d’apprécier nos explorations ailleurs tant la qualité des lieux est hors normes. Hormis cela, Marie et moi avons été littéralement conquis par ce pays, nous disons cela d’un point de vue voyageurs, il est indéniable que les habitants doivent avoir un avis plus contrasté que le notre. Au moins, d’un point de vue touristique, c’est agréable, propre, on peut laisser son téléphone et son portefeuille sur une table d’un McDonald’s pour aller aux toilettes sans avoir peur qu’on nous vole nos affaires. La mentalité est à mille lieux de ce que nous avons connu jusqu’à présent. De quoi rendre le retour en France beaucoup plus difficile.
Ce qui étonne pour un si petit pays, c’est le nombre de lieux désaffectés que l’on peut trouver, ça me rappelle un peu la Belgique, c’est juste dingue de trouver autant de spots diversifiés. Vivement un road trip numéro deux au pays du soleil levant.
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