Chateau Thapa

A l’écart d’un village dans le sud-est de la France, planqué au milieu d’un massif montagneux, se trouve le château Basudev Thapa. Déjà bientôt dix ans que ce patrimoine est à l’abandon dans l’attente de nouveaux propriétaires. Jusqu’ici, il avait appartenu à la même famille, de génération en génération, depuis le début du 20ème siècle, un héritage patrimonial qui avait toujours été perpétué. Au fil des passassions, l’héritage devenait de plus en plus encombrant, coûteux voire indésirable tant le château était une hérésie à entretenir. D’ailleurs, la dernière famille ayant eu entre ses mains le château avait complètement baissé les bras et avait vécu dans un domaine totalement en errance. Cette famille là était composée de gens totalement reclus de la vie du village, enfermés à l’intérieur du château, ils ne sortaient que rarement à l’extérieur, juste l’occasion de faire des courses mais pas plus. Le père de famille, Michel, ne travaillait pas, il faisait vivre sa famille d’une rente immobilière peu fructueuse mais assez pour avoir un train de vie modeste sans écart. Sa femme, Monique, passait son temps à entretenir son potager, à coudre et à endosser le rôle d’institutrice à leur enfant unique, Gabriel. Il n’avait pas l’occasion de se faire des camarades de classe, ses parents ayant toujours souhaité le tenir loin des autres et l’instruire par leurs propres moyens.


Un climat assez lourd pour un enfant de cet âge, seul, à jouer dans les longs couloirs du château, à errer avec ses peluches, ses voitures télécommandées et à s’inventer des amis invisibles, un véritable sens de l’imagination sur-développé. Sa mère était quelqu’un d’effacée, voire inexistante, extrêmement affaiblie et atténuée par sa maladie, elle était totalement affectée à l’idée de se savoir condamnée. Son cancer généralisé, diagnostiqué il y a plusieurs mois, ne lui laissait aucune chance de vivre encore longtemps. En accord avec son mari, il était convenu que, même après sa mort, Monique resterait dans le château. C’est d’ailleurs pour ça que Michel étudiait depuis quelques temps la pratique de la thanatopraxie, une technique pour embaumer et conserver les morts telle une momie égyptienne. Il se procura avec difficulté les éléments indispensables pour la conservation du futur cadavre de sa femme et pour réussir à réaliser une thanatopraxie définitive avec du formol pur, du sulfate de zinc, de l’alcool à 90° et de l’acide salicylique. Une technique lourde, difficile et pointilleuse que devait exercer Michel au plus vite car sa femme décéda pendant une nuit de sommeil quelques jours plus tard. Loin de cacher la vérité et l’opération à son fils, il fit assister Gabriel à la thanatopraxie de sa mère. Des heures de traitement, de soins, d’injections de formol sous les yeux choqués de l’enfant. Son père mit à contribution son fils pour qu’il maquille sa mère avant de l’enfermer dans un cercueil hermétique. Cette nuit là, Gabriel ne ferma pas les yeux et pensa sans cesse à l’image de sa mère morte en train de se faire disséquer par son père, des visions traumatisantes pour un enfant de 8 ans. Comme un rituel, chaque soir au dîner, à cette grande table du salon, Michel sortait le cadavre de sa femme du cercueil pour l’installer péniblement sur une chaise au risque de détériorer le corps. Chaque soir, l’enfant mangeait sous les yeux de sa maman, une habitude au fil du temps qui ne le choquait plus. A l’adolescence, c’est même lui qui s’occupait du cadavre de sa mère et prenait soin de sa conversation. Les journées de Gabriel se ressemblaient énormément, il aimait lire, beaucoup, des romans policiers et des histoires d’amour, c’était sa seule façon de sortir de chez lui et de découvrir le monde, il n’avait ni télévision ni ordinateur, un quotidien d’une autre époque. Il était réellement un vieux garçon, que pouvait être le destin d’une personne aussi coupée du monde et des autres, il n’avait strictement aucun repère social.


A la mort de son père victime d’une crise cardiaque, Gabriel avait souhaité conserver le corps de son père pour avoir ses parents toujours à ses côtés. Il utilisa les mêmes produits qu’avait utilisé Michel à la mort de sa femme. De ses souvenirs d’enfants, il fut guidé par des flashbacks pour embaumer son père. Fastidieuse, l’opération fut un calvaire, Gabriel n’ayant pas étudier la technique de la thanatopraxie, le résultat n’est pas à la hauteur de son espérance. Le formol mal utilisé et mal dosé avait rendu le visage de son père totalement difforme, au delà de l’inhumain. Il confectionna un cercueil mais qui ne fut pas du tout hermétique et le corps de son père se dégrada avec le temps. Chaque soir, il continuait à dîner avec les cadavres de sa mère et de son père, il leur parlait, tout le temps, comme s’ils pouvaient répondre, il avait réellement fait un détachement avec la mort.


Un jour, de la fenêtre de son château, il remarqua une personne dans le parc en train de prendre des photos, interloqué par sa présence il s’empressa d’aller à sa rencontre. La jeune femme fut surprise de découvrir Gabriel, pensant en toute bonne foi que le château était à l’abandon. Timide et introverti, ayant peu l’habitude d’avoir affaire à une personne extérieure, il lui raconta péniblement l’histoire du château en bégayant lourdement. Elle comprit vite que l’homme était très mal à l’aise et qu’il perdait tous ses moyens. Essayant tant bien que mal de gagner sa confiance, elle lui demanda s’il était possible de visiter l’intérieur du château. Surpris par une telle demande inhabituelle, il accepta en lui précisant que ses parents étaient présents. Soucieuse de ne pas déranger, elle lui demanda si cela pouvait les gêner qu’elle entre mais il lui précisa qu’il n’y avait pas de souci et qu’ils seraient contents de faire sa connaissance.


Appareil photo en main, la jeune femme arpenta le château et photographiait les magnifiques escaliers en spirale, malgré l’aspect délabré du château, son charme restait authentique, elle était littéralement sous le charme de ses pièces majestueuses. La seule chose incommodante dans cette visite improvisée était la température glaciale du château, l’humidité était très présente. Gabriel la suivait, sans dire un mot, sans savoir quoi dire, il peinait toujours à comprendre pourquoi cette femme s’intéressait autant à son habitation, lui qui n’avait jamais croisé personne d’autre que ses parents. Arrivés devant la porte du salon, Gabriel lui indiqua que ses parents se trouvaient encore à table car il n’avait pas eu le temps de les ranger. La jeune femme, sans trop comprendre, avança dans le salon et découvrit deux cadavres côte à côte, assis au bout de la table. Sous le choc de cette vision macabre, elle s’échappa en courant, hurlant à travers les longs couloirs du château, suivie de près par Gabriel lui demandant de rester. Dans la panique, elle se perdit à l’intérieur et ne trouva pas la sortie. Elle se retrouva face à son guide qui lui donna un violent coup de tête. Loin d’avoir l’idée de laisser partir la jeune femme, Gabriel entama une nouvelle thanatopraxie sur cette personne encore en vie mais somnolente. Il lui injecta du formol ce qui eut pour effet de la tuer immédiatement. La mort de ses parents n’avaient pas éveillé le moindre questionnement ni manque parce qu’ils n’avaient aucun lien social mais ce n’était pas le cas de cette victime. Sa disparition fut rapidement jugée inquiétante à la découverte de sa voiture non loin du château. La gendarmerie alla demander à Gabriel s’il avait vu cette femme traîner dans les environs, il répondit par la négative et l’affaire en resta là. Les parents de la disparue eurent, eux, une mauvaise intuition qui ne les quitta jamais. Connaissant l’attirance de leur fille pour les endroits abandonnés, ils se doutèrent que sa voiture garée à côté n’était pas dû au hasard et qu’elle avait dû pénétrer dans la propriété. Ces doutes, ils avaient beau les raconter aux autorités, sans preuve, ils ne faisaient rien et refusèrent de faire une perquisition malgré l’insistance des parents.


Sans aide, ils allèrent eux même vérifier leurs soupçons. En pleine nuit, lampe torche à la main, ils investirent le domaine du château. En toute discrétion, ils firent le tour de la propriété pour trouver une entrée discrète, ils passèrent par une petite porte à l’arrière donnant sur la cave. Attentivement ils marchèrent doucement en prenant le soin de ne rien faire tomber, ils montèrent un escalier en colimaçon et arrivèrent dans la cuisine du château. Ils entendirent parler Gabriel, il rigolait, il parlait seul, personne ne répondait pourtant il s’adressait à d’autres personnes, sans retour. Ils remarquèrent le salon illuminé au bout du couloir, ils s’avancèrent et en regardant discrètement à l’intérieur de la pièce découvrirent trois cadavres autour de la table dont celui de leur fille. En larmes devant ce spectacle de l’horreur, ils partirent en courant paniqués pour avertir la police. La mère de la victime tomba à terre en trébuchant sur une marche, Gabriel l’entendit, alluma les couloirs du château et découvrit les deux visiteurs. Armé d’un couteau de cuisine, il courut en leur direction. Rejoignant la cave à toute allure, Gabriel saisit la mère en la poignardant à plusieurs reprises avant qu’elle ne s’échappe. Le père à l’extérieur sous les cris de sa femme comprit qu’il ne pouvait plus rien faire et décida de continuer à s’enfuir. Il se réfugia dans la première maison voisine et appela la police. Immédiatement, sur place, les policiers investirent le château et découvrirent Gabriel, tombé au sol avec un couteau planté dans la gorge. Par peur de devoir quitter le château, il avait préféré mourir en son sein. Pour lui, personne ne fut là pour conserver son corps à tout jamais.

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L’histoire que vous venez de lire est totalement inventée, c’est une fiction écrite pour préserver la véritable identité du lieu.



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