Cette maison abandonnée on l’a découverte grâce à un site internet traitant du paranormal qui avait mis en ligne une vidéo d’investigation réalisée dans cet endroit et menée par trois enquêteurs, des chasseurs de fantômes. Dans ce film d’une trentaine de minutes, on pouvait y voir cette équipe confrontée à divers phénomènes totalement irrationnels, comme des portes qui claquent toutes seules, un classique, des traces de sang apparaissant sur les murs et des cris venant de nulle part. A l’aide de leurs équipements, ils ont pu communiquer avec des esprits, un véritable film d’horreur, bien réalisé au point d’en avoir fait des cauchemars.


C’est donc après le visionnage de cette vidéo que Marie et moi avons décidé de programmer l’exploration de cette maison, armés de notre esprit cartésien. Avant notre passage, nous avons pris le temps d’effectuer des recherches sur cet endroit mystérieux. Les archives de la presse locale que nous avons trouvées, peu nombreuses, nous ont glacé le sang. L’abandon de cette maison est la conséquence d’une affaire terrible de disparition non résolue.


Jusqu’en 1996, il y a donc tout juste vingt ans, la famille Meyer habitait cette maison. Des gens sans histoire, un père employé de banque, une mère professeur de français et parents de deux enfants, Laura âgée de 6 ans et Emilie de 3 ans. Rien ne laissait, à travers leur vie heureuse et paisible, présager de ce qu’il allait arriver. Du jour au lendemain, la petite famille disparut sans laisser la moindre trace, enfin une seule, leur berger allemand retrouvé pendu au lustre du salon. Dans cette histoire, il n’y avait strictement rien de cohérent, leurs affaires personnelles étaient restées là, la voiture également et leurs comptes en banque étaient totalement inactifs. Comment avaient-ils pu donc disparaître sans argent et sans moyen. Des questions qui s’accumulaient… Pourquoi étaient-ils partis? Pour fuir quoi? Étaient-ils menacés? Ou sont-ils tout simplement morts assassinés ?


La maison fut fouillée intégralement sans pour autant trouver le moindre indice, la moindre piste, la moindre faille. Depuis cette disparition, la maison reste désespérément vide dans l’attente illusoire du retour de ses propriétaires. Avec une histoire comme celle-ci, la demeure devint le fruit de divers légendes urbaines et certains la surnomment même Amityville en référence au film.


C’est ainsi, qu’après toutes ces informations, nous nous retrouvons devant la fameuse maison. En toute sincérité, Marie et moi ne sommes pas du tout à l’aise, on aurait préféré limite ne rien savoir pour avoir l’esprit sain. Devant la porte, des centaines de courriers de la famille Meyer jonchent le sol, malgré le temps passé, du courrier leur est toujours adressé comme s’ils étaient toujours là.


L’intérieur de la maison est extrêmement délabré, nous apercevons immédiatement une laisse suspendue au lustre du salon, c’est totalement improbable mais c’est certainement ici même que le chien de la famille fut retrouvé pendu, c’est dingue qu’après vingt ans la laisse soit restée au même endroit, glauque. Nous faisons le tour de la maison avec prudence, l’escalier fait beaucoup de bruit, vraiment beaucoup, il peut s’effondrer à tout moment. Nous photographions toute la vie de la famille disparue, des photos anciennes dans lesquelles nous pouvons retracer à peu près chronologiquement les étapes de leur vie, le mariage, les naissances, les baptêmes, c’est incroyable de trouver autant de choses. A travers les cahiers scolaires et de coloriage, on entre dans l’intimité de leurs deux petites filles, Laura et Emilie. La vie ici s’est réellement arrêtée en 1996 comme l’atteste le calendrier de l’Avent accroché dans la cuisine, vous savez, ce sont les calendriers de Noël dans lesquelles il y a, derrière chaque jour de décembre, un chocolat à manger. La gourmandise s’est arrêtée le 18 décembre 1996, les autres chocolats des jours suivants sont encore là, pas assez téméraires pour les goûter autant de temps après.


Lors de notre exploration, pas d’événements paranormaux à déplorer, pas de porte qui claque ou d’hémoglobine dégoulinant le long des murs, encore une vidéo truquée de chasseurs de fantômes, pauvre Guss. Tant mieux pour nous, un face à face avec un esprit vengeur n’est pas une expérience qui nous intéressait à la base. L’obscurité est de plus en plus présente, la nuit tombe et nous n’avons pas prévu d’hôtel, pris au dépourvu, je décide de passer la nuit dans la maison, encore une de mes idées délirantes. Marie ne partage pas mon projet, n’étant pas du tout rassurée de passer la nuit dans cette demeure. Je la comprends et je tente d’appeler au dernier moment les hôtels du coin mais je fais échec sur échec, en pleine saison, tout est complet. Finalement cette maison sera la notre pour une nuit. La literie étant évidemment inutilisable avec toute la poussière et les acariens, nous campons directement dans une chambre avec nos sacs de couchage.


Pendant que Marie s’affaire à préparer notre cocon, je me dévoue pour aller chercher des pizzas dans le restaurant d’a côté. Arrivé devant la devanture, une pancarte indique que l’établissement est fermé, ça commence bien. Je demande à un passant s’il y a une pizzeria dans les alentours, il m’indique qu’il y en a une autre à dix minutes de marche, il parait même que ce sont d’excellentes pizzas. Ma faim ne s’arrêtera pas pour quelques minutes de marche à pied et j’ai la flemme d’aller chercher la voiture, j’entame donc la traversée de cette ville bien paisible, j’ai eu de la chance de croiser cet homme car je me retrouve bien seul dans ces rues vides. Lors de ma promenade improvisée, Marie est restée seule dans la maison. A l’étage, éclairée à l’aide de sa lampe torche, elle continue de découvrir la vie des Meyer en lisant de vieilles cartes postales. Une lecture arrêtée brusquement en entendant des chuchotements dans le salon. Des squatteurs? Des voisins? Des voleurs? Marie panique. Discrètement, du haut de l’escalier, elle éclaire le rez de chaussée pour voir ce qu’il se passe, péniblement elle croit apercevoir deux ombres traverser le hall d’entrée. Elle se précipite dans une des chambres et s’enferme à l’intérieur. Son téléphone portable en main, Marie n’a aucun réseau pour m’avertir de sa situation. Des bruits de pas se font entendre dans l’escalier, elle entend des petites filles parler, « Tu es où ? » « Où te caches tu ? » « Maman et Papa vont pas être contents que tu sois là ». Derrière la porte, Marie est totalement pétrifiée. De violents coups sont donnés sur la porte, « Viens jouer avec nous! Allez sort de notre chambre ». Marie regarde par la fenêtre pour voir si elle peut s’enfuir mais la hauteur est trop importante pour sauter, elle est piégée. Derrière la porte, deux voix de petites filles chantent des chansons, Marie, comme dernier rempart, se cache sous le lit. Au bout de quelques minutes, le silence est revenu dans la maison, Marie n’ose toujours pas sortir de sa cachette et attend avec impatience mon retour.


Un retour qui ne sera pas immédiat, dix minutes de marche pour atteindre la pizzeria, cet homme doit avoir les mêmes performances qu’un Usain Bolt car de mon côté il n’y a rien, tout est fermé, aucune trace d’une Margarita ou d’une Reine, je garde espoir et continue à avancer dans ce désert urbain. Marie rallume sa lampe torche et tend son oreille contre la porte, il n’y a plus aucun bruit, a-t-elle été victime d’une mauvaise blague? Par prudence, elle reste dans la chambre, bien décidée à attendre mon retour. Assise devant un grand miroir de la chambre, elle patiente péniblement. Derrière elle, des livres tombent de la bibliothèque, elle sursaute et illumine la pièce sans rien voir, jusqu’à ce qu’elle se retourne devant le miroir en l’illuminant et laissant apparaître plusieurs personnes debout derrière elle, hurlant comme une folle, elle s’échappa à toute vitesse de la chambre et descend l’escalier, trop vite, elle est alors ensevelie par cet escalier s’écroulant sous sa panique. Sonnée, dans les débris, le visage en sang, Marie peine à bouger, à se relever.


Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, je me rend à l’évidence, pas de pizza pour ce soir, en guise de réconfort, des paquets de chips et du coca achetés dans l’épicerie nocturne, maintenant, il va falloir que je me retape le chemin. Pour rassurer Marie, je tente de la joindre, sans succès. Toujours à terre, Marie entend un chien aboyer, elle croit rêver mais les aboiements sont de plus en plus forts jusqu’au dernier grognement intense, foudroyant. Péniblement, en boitant, Marie s’avance vers le salon et découvre un chien pendu dans le salon, elle s’approche du cadavre, lentement, avec une grande douleur et arrivée au niveau de son museau, le berger allemand relève sa tête brusquement et tente de lui mordre le visage. Sa peur propulsa Marie au sol. Rampant par terre en direction de la porte d’entrée, elle ne peut pas s’échapper, c’est verrouillé. Elle entend de nouveau des voix à l’étage, sans solution pour se cacher, elle plaque sa tête au sol et ferme les yeux. « Regarde Papa, c’est elle la dame » « Qu’est-ce que vous faites ici? », les pas se rapprochent, Marie se force à s’imaginer dans un cauchemar, en dehors de toute réalité. Elle ressent des frissons dans tout son corps, elle a même la sensation qu’on lui caresse les cheveux.


C’est à ce moment là, paquets de chips à la main que j’essaye d’entrer dans la maison, porte close, avec ma lampe torche, à travers les baies vitrées, j’aperçois Marie au sol, toute recroquevillée, je tape dans la vitre et je la vois, tête relevée dans ma direction, elle n’arrive pas à se relever, elle se traîne par terre. Je ne comprends pas du tout ce qu’il se passe. Arrivée devant la baie vitrée, sa tête est violemment propulsée en arrière, fracassée contre le mur. Immédiatement, à l’aide d’un pot de fleur, je brise la baie vitrée et cours vers Marie. Elle n’est plus consciente, je la porte pour sortir de la maison mais une force m’empêche d’avancer, le corps de Marie est toujours tiré en arrière, comme si quelqu’un la tenait fermement. C’est un cauchemar, je traîne désespérément Marie en dehors de cette maison. Dans la voiture, j’allonge Marie dans un état grave, avant de partir, je jette un dernier coup d’œil en direction de la maison et c’est là que je vois plusieurs visages nous observer. Je démarre immédiatement en direction d’un hôpital. Après plusieurs kilomètres de tension, en remuant Marie à plusieurs reprises pour qu’elle se réveille sans succès, j’arrive aux urgences. Elle fut plongée immédiatement dans un coma semi artificiel à cause de son état jugé très préoccupant. L’attente fut longue, pénible mais Marie revint à la vie avec beaucoup de séquelles. Son récit d’horreur elle aura mis beaucoup de temps à pouvoir me le raconter, un traumatisme qui restera éternel. Depuis, nous ne cherchons par aucun moyen d’avoir des nouvelles de cette maison et vous décourageons d’y aller.


Nous ne communiquons pas l’adresse de ce lieu pour des raisons évidentes de sécurité et n’encourageons pas à l’explorer par vos propres moyens. De nombreux cas d’accidents graves et mortels sont à déplorer dans les lieux abandonnés, merci de consulter cette page d’information : urbexsession.com/lieux-desaffectes-danger. Abstenez vous de nous demander l’adresse par message privé ou dans les commentaires, il n’y aura aucune réponse de notre part. Lors de cette exploration, aucune dégradation ni infraction a été commise pour pénétrer dans ce lieu. Nous n’avons aucune information sur les éventuels propriétaires. Si vous êtes propriétaire de cet endroit et que cette publication vous gêne, nous procéderons à sa suppression sur simple demande via notre page contact. Si vous avez en votre possession l’adresse de ce lieu et que vous souhaitez l’explorer, merci de ne rien dégrader ni vandaliser. Si les accès sont fermés, ne cassez rien pour rentrer, l’urbex est avant tout le respect des lieux, merci de faire vivre ce principe de base. Pour en savoir plus sur les règles de l’urbex, veuillez cliquer sur ce lien : urbexsession.com/les-regles-lurbex.

L’histoire que vous venez de lire est totalement inventée, c’est une fiction écrite pour préserver la véritable identité du lieu.



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