Aérodrome Lubitz

Fin de journée paisible en train de déambuler au sein de cet aérodrome désaffecté, admiratif devant ces deux avions cloués au sol qui n’effraieront plus ceux qui ont la phobie du ciel. L’un des deux engins, je ne sais plus lequel, a une histoire bien particulière et pas des moindres. Ce fait divers à l’heure actuelle alimente encore les conspirationnistes les plus chevronnés.


Vivien nouait une histoire d’amour avec Victoria depuis déjà deux ans, sa première histoire d’amour. Ces deux êtres, un peu vieux jeu en rapport à leur génération, n’envisageaient pas de consommer leur relation avant le mariage, vierges tous deux, leur abstinence était alimentée par un fantasme un peu fou limite irréalisable, faire l’amour dans un petit avion en pilotage automatique. Un souhait d’autant plus absurde qu’ils étaient ni l’un ni l’autre pilote d’avion. L’idée un peu bête de se fixer un tel objectif avait comme but premier pour Vivien de repousser l’échéance de déflorer sa compagne le temps d’économiser un maximum pour leur mariage et de passer le brevet afin d’obtenir la licence de pilote privé. Un défi qui par son aboutissement était de fait un acte romantique mémorable.


C’était un budget pour être pilote privé, pas moins de 6 000 à 7 000 euros pour une formation d’une vingtaine de mois, un fantasme assez coûteux. Les mois passèrent et Vivien maîtrisait peu à peu son engin en aluminium, il y prit goût et cela se ressentait. Son instructeur ne tarissait pas d’éloges à son égard, il était assuré de pouvoir piloter seul avec sa dulcinée dans une échéance d’un à deux mois. Cela tombait bien, tout était raccord avec le mariage qui devait se dérouler dans trois semaines, la nuit de noces devait attendre, ils n’étaient plus à quelques jours près pour connaitre leurs premiers émois.


Quelques temps après la cérémonie et l’échange des alliances, le grand jour arriva enfin, la pression était de mise. C’était dans cet avion militaire reconverti dans le tourisme que devait avoir lieu ce premier échange de fluide. Les deux tourtereaux, main dans la main, s’approchèrent de l’avion prêts à franchir un cap dans leur vie. A peine installés dans le cockpit que Vivien éjacula sans retenue, l’émotion était trop forte et l’excitation insoutenable. Sans avoir eu le temps de décoller, la tâche sur son pantalon témoignait d’un rendez vous manqué. Le regard froid, Victoria le dévisagea avec un certain mépris, difficile de cacher sa déception après tant d’attente. L’image de son mari tout pâlot cachant maladroitement son sperme lui provoqua alors un profond dégoût. Ce qui devait être le jour d’une vie fut finalement incarné par ce vieux mouchoir tentant de nettoyer cette tâche honteuse.


Déprimé par sa faiblesse sexuelle, Vivien ne s’estimait plus être capable de satisfaire sa partenaire, un mélange de manque de confiance en soi et de complexes qui le rongeait quotidiennement. Le réconfortant, Victoria tentait de le rassurer, de lui dire que ça arrive à tout le monde et qu’il fallait qu’il retente l’aventure au plus vite pour ne pas que le malaise s’installe durablement. Une semaine plus tard, une fois l’avion décollé, Vivien ne parvint pas à être en érection, le stress le paralysant toujours un peu plus.


Les nombreux avions passant dans le ciel et les rediffusions multiples de films comme Top Gun à la télévision maintenaient Vivien dans une souffrance vive. Pour se sortir de cette mauvaise situation, sa femme lui proposa de faire l’amour à bord d’un vol commercial dans les toilettes d’un avion, peut-être que sans piloter il serait plus à même de se contrôler sexuellement. Proposition acceptée, en septembre destination les Etats-Unis pour un voyage de noces qu’ils espéraient inoubliable.


Pendant le vol du Paris – New-York, l’angoisse d’être pris en flagrant délit dans les toilettes paralysa Vivien. Sa compagne insistant lourdement n’arrivait pas à le faire décoller du fauteuil, un voyage qui commençait mal. Heureusement qu’une fois arrivés à la grosse pomme, le dépaysement que constituaient ces nombreux grattes-ciels dissipa cette énième déception. Quelques jours plus tard, ils se retrouvaient à Washington accompagnés de leur virginité indéboulonnable. Le road trip continua ce 11 septembre 2001 à 8 h 20 en destination de Los Angeles, cinq heures à vol d’avion, statistiquement un temps assez long pour opérer une nouvelle tentative.


Victoria changea de tactique en opérant immédiatement des attouchements sur son compagnon pour lui faire monter la température sans se soucier un seul instant de l’autre passager assis à sa gauche. L’entrejambe humide de sa conjointe qu’effleura Vivien avec sa main le convainquit de passer à l’acte. Se levant un journal à la main pour tenter de cacher son pénis dressé, il se dirigea au fond de l’appareil. Une fois à l’intérieur des WC, il découvrit un décor dégueulasse avec du vomi séché et une chasse d’eau mal tirée, l’odeur pestilentiel faisait défaut dans ce romantisme recherché. Victoria le rejoignit cinq minutes plus tard et n’en avait que faire de cet aspect peu ragoutant, les mains dans la gerbe, sa robe relevée, en position levrette, elle fut prête à passer outre cet environnement pour enfin assouvir son fantasme. La queue dans la main, l’autre s’approcha tout transpirant pour opérer sa première pénétration. A ce moment là, des cris de panique provenant de plusieurs passagers, des gens hurlaient de tous les côtés. Ouvrant la porte discrètement, Vivien aperçut des hommes armés, c’était une prise d’otage. Au lieu de rester caché à l’intérieur des toilettes, énervé d’avoir été interrompu si proche du but, il sortit entièrement nu pour insulter les djihadistes. D’une inconscience folle, il tenta de s’agripper au cou de l’un d’entre eux, ce qui eut comme conséquence de motiver d’autres personnes à se rebeller. Dans l’avion c’était la bagarre générale avec des coups de couteaux aveugles dans tous les sens. Ce tohu-bohu provoqua une excitation supplémentaire au puceau qui se jeta sur sa compagne inerte au milieu de la foule. L’embrassant fougueusement en caressant sa poitrine, il l’allongea à côté d’un cadavre frais pour la consommer. Les jambes écartées, dans ce bordel généralisé, elle invita son compagnon à la visiter. Le djihadiste au commande de l’avion sorti de sa cabine pour prêter main forte aux autres terroristes en poignardant des passagers avec son cutter. Victoria ne fut pas épargnée par ce déchaînement de violence et succomba en quelques secondes d’une hémorragie. Évitant de se faire tuer, Vivien s’aperçut avec effroi de la quantité de sang sortant de la bouche de sa conjointe. Fou de rage, il courut derrière le criminel se dirigeant une nouvelle fois à l’intérieur du cockpit. Avec force, il le poussa et verrouilla la porte derrière lui pour ne pas qu’il ne s’échappe.

« T’as cru que j’allais finir puceau toute ma vie sale bâtard ? »

A coups de poing, il défigura le djihadiste jusqu’à le mettre à terre. Derrière la porte verrouillée, des dizaines de voyageurs tambourinaient pour prévenir que l’avion allait s’écraser et qu’il fallait urgemment reprendre les commandes. Totalement imperméable aux cris et aux pleurs, Vivien baissa le pantalon du terroriste pour le sodomiser à sec. Chaque pénétration était d’autant plus de secondes perdues pour éviter un drame. Alors qu’il aurait pu reprendre ses esprits pour tenter de sauver des vies humaines, l’homme prenant un plaisir jamais vécu jusqu’alors, préférait jouir de cette situation improbable que de se conduire en héros. Éjaculant dans cet anus saoudien, l’avion se crasha au même moment sur le Pentagone. Mort mais dépucelé, libéré. Vivien avait connu le rêve américain.


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