Ma voiture garée dans une zone résidentielle, je me dirige trépied à la main en direction d’un château occitan abandonné. En plein cagnard, je traverse un champ de blé pour accéder à la propriété délaissée. Une météo caniculaire bien loin du contexte durant lequel un chasseur d’orage a connu les lieux dans les années 80.
Jacques était un photographe toulousain d’un genre particulier, il prenait en chasse les orages pour immortaliser les éclairs. Depuis gosse, il était toujours fasciné par les phénomènes météorologiques. Une passion débordante à tel point qu’il était devenu un homme solitaire se passant des rapports sociaux les plus élémentaires.
Un soir sous une pluie déchaînée, au volant de sa Renault 5 rouge, il prit en chasse les orages qui étaient très nombreux et impressionnants. L’appareil-photo prêt à capturer ces instants foudroyants immortalisa un impact sur le paratonnerre d’une demeure. Isolé en pleine campagne, il fut intrigué par cette habitation semblant abandonnée. S’en approchant à pied avec sa lampe torche, il remarqua des fenêtres brisées et l’absence totale de lumière, le lieu était vraisemblablement bien à l’abandon. Sa curiosité insatiable le poussa à pénétrer à l’intérieur par la porte d’entrée entrouverte. Prudent, il cria à plusieurs reprises pour vérifier qu’il n’y avait personne afin de dissiper tout quiproquo sur sa venue, il valait mieux ne pas se faire passer pour un cambrioleur dans le doute. Personne ne répondit, Jacques pouvait alors commencer une exploration improvisée.
La grande bâtisse ressemblait à un musée tant les pièces regorgeaient d’objets et de tableaux d’époque, une richesse qui lui fit oublier les nombreux orages rugissants dans le ciel. Au premier étage, il découvrit des chambres parfaitement rangées, la literie impeccable, sans la peur que pouvait provoquer un tel lieu pour y dormir seul, Jacques aurait pu aisément y passer la nuit.
Au fond du couloir une musique se fit entendre, l’homme surpris se rendit compte que le château n’était finalement pas si abandonné que ça. La peur au ventre, il s’approcha lentement de la pièce dans laquelle raisonnait la musique et découvrit un poste radio allumé. En s’approchant, une main lui toucha le dos, il se retourna en poussant un cri et se retrouva face à un homme d’une extrême maigreur. Le petit homme au crâne dégarni le regardait sans dire un mot, il avait l’air totalement dérangé, à côté de la plaque. Jacques, pour dissiper le malaise, l’interrogea sur sa présence :
– Vous habitez ici ?
– Non
– Ah bon… Qu’est-ce que vous faites ici alors ?
– Je suis perdu
– Comment ça ?
– Je n’arrive plus à partir d’ici, aidez moi s’il vous plait !
– Qu’est-ce que vous me racontez ?
– Aidez-moi je veux réussir à sortir d’ici !
– Depuis combien de temps vous êtes la ?
– Je sais pas, je sais plus, trop longtemps !
Jacques, un peu déboussolé face à cette personne paumée, décida de lui apporter son aide en l’invitant à le suivre pour chercher sa voiture afin de l’accompagner dans un lieu d’assistance publique. L’hurluberlu refusa prétextant ne pas vouloir se mouiller à cause de cette pluie diluvienne. Le photographe sortit alors seul pour chercher son véhicule. Avec sa lampe torche, dans cette nuit noire, il peina à retrouver sa Renault. Il courait de partout dans l’incompréhension la plus totale, il était certain de l’avoir garée à côté de cette grande croix de chemin, elle n’était plus là.
De retour au château, il ne retrouva plus l’homme maigre, il n’y avait plus personne. En retournant voir le poste radio, il constata qu’il était éteint mais surtout très poussiéreux comme s’il n’avait pas fonctionné depuis de longues années, d’ailleurs il ne s’allumait plus. Jacques ne comprenait plus rien. Patiemment et avec une certaine inquiétude, il attendit que le jour se lève pour tenter de chercher une nouvelle fois sa voiture. Les heures passèrent, sa montre afficha neuf heures du matin et la nuit était toujours là, pas de soleil à l’horizon. Dix heures, onze heures, midi, rien ne bougeait, nuit noire et silence total.
De nouveau dehors, Jacques paniqua et cria à l’aide sans obtenir une seule réponse. Aucune lumière à l’horizon, aucun bruit, le temps s’était arrêté, même la pluie et les orages avaient disparu. Ne pouvant plus attendre, il sortit de nouveau à l’extérieur pour chercher du secours. Sans savoir où se rendre, il marchait à l’aveugle sur des chemins sans indication. Après plusieurs kilomètres d’errance, il se retrouva une nouvelle fois face au château abandonné. Fatigué, avachi sur un fauteuil, il s’endormit rapidement.
A son réveil, sa montre afficha seize heures, le jour s’était levé, les oiseaux chantaient et le soleil ne se cachait plus. Tourmenté par cette nuit sans fin, il marcha dehors et découvrit avec étonnement sa voiture garée à côté de la croix de chemin, elle était intacte et n’avait subi aucune dégradation. Ne cherchant pas à comprendre, il partit de cet enfer pour regagner son domicile.
Les jours passèrent et Jacques n’arrivait pas à se défaire de l’image de cet homme maigre dégarni qui lui avait demandé de l’aide. Comme une intuition, il répertoria les avis de disparition de la région Toulousaine pour passer au crible des centaines de profils. La stupéfaction fut de mise lorsqu’il tomba sur une fiche avec une photo ressemblant à ce même homme. Une disparition inquiétante remontant à dix mois. Immédiatement, il prévint la gendarmerie en affirmant avoir croisé cette personne dans un château abandonné il y a moins d’une semaine. Le jour même, des investigations eurent lieu dans la propriété. Après des heures de recherche, ils trouvèrent dans une annexe du château le corps en décomposition de l’homme recherché. L’état de son cadavre après autopsie permit avec certitude de remonter son décès entre six et huit mois, bien avant sa rencontre avec Jacques.
URGENCE PATRIMOINE : Pour continuer à faire vivre notre patrimoine français, il est important de s’associer à des associations et à des structures permettant de donner une seconde vie à ces lieux oubliés : urbexsession.com/agir-pour-le-patrimoine. Pour éviter que ces endroits finissent un jour en poussière comme c’est trop malheureusement le cas, il est nécessaire de s’investir par différents moyens. De notre côté, nous effectuons une empreinte artistique à travers nos photographies pour immortaliser ces endroits. Sur cette page : urbexsession.com/les-lieux-rehabilites vous pouvez découvrir des exemples de lieux réhabilités et sur celle-ci : urbexsession.com/les-lieux-disparus des lieux malheureusement qui n’ont pas résisté aux épreuves du temps.
Nous ne communiquons pas l’adresse de ce lieu pour des raisons évidentes de sécurité et n’encourageons pas à l’explorer par vos propres moyens. De nombreux cas d’accidents graves et mortels sont à déplorer dans les lieux abandonnés, merci de consulter cette page d’information : urbexsession.com/lieux-desaffectes-danger. Abstenez vous de nous demander l’adresse par message privé ou dans les commentaires, il n’y aura aucune réponse de notre part. Lors de cette exploration, aucune dégradation ni infraction a été commise pour pénétrer dans ce lieu. Nous n’avons aucune information sur les éventuels propriétaires. Si vous êtes propriétaire de cet endroit et que cette publication vous gêne, nous procéderons à sa suppression sur simple demande via notre page contact. Si vous avez en votre possession l’adresse de ce lieu et que vous souhaitez l’explorer, merci de ne rien dégrader ni vandaliser. Si les accès sont fermés, ne cassez rien pour rentrer, l’urbex est avant tout le respect des lieux, merci de faire vivre ce principe de base. Pour en savoir plus sur les règles de l’urbex, veuillez cliquer sur ce lien : urbexsession.com/les-regles-lurbex.
L’histoire que vous venez de lire est totalement inventée, c’est une fiction écrite pour préserver la véritable identité du lieu.
Continuez à explorer d’autres châteaux abandonnés en France en [cliquant ici]
Ces articles disponibles sur Amazon peuvent vous intéresser :
- Margaine, David (Auteur)
- Goumand, Arnaud (Auteur)
- Feterman, Georges (Auteur)
- Sylvain Margaine (Auteur)